Ce spectacle célèbre le 10e anniversaire du groupe, avec projections d'images animées mêlant leurs photos, leurs pochettes d'albums et des dessins divers retraçant en partie leurs influences. Unique à Oran et sans doute l'un des meilleurs groupes de rock à l'échelle nationale, Amnesty, qui s'est déjà essayé au heavy metal conventionnel, semble avoir trouvé son chemin et acquis une véritable maturité avec le rock progressif et la Psychotic expérience qui n'est apparemment que le début d'une nouvelle ère. Et quel début ! Il est seulement dommage que cela soit la seule composition du groupe qui s'est entre-temps séparé de plusieurs de ses membres aussi talentueux proposée pour cet événement. Une même matrice pour plusieurs variantes, une confluence des genres (ragtime, sonorité rock des années1960 et même une touche rythmique et mélodique nationale) parfois déroutants qui, au-delà du chaos apparent, se dessine une relative maîtrise instrumentale conjuguée à une synchronisation et à une synergie de groupe traduisant un travail laborieux au préalable. Pourtant, ils n'étaient que trois musiciens (Yacine à la batterie, Nadir au clavier et Mehdi à la guitare) à assurer cette prestation inattendue effectuée sur les traces d'expériences instrumentales comme LTE (Liquid Tension Epériment), un projet qui date de 1998, réunissant des stars de la trempe de Mike Portnoy (batteur, initiateur du projet), John Petrucci (guitare), Jordan Rudes (claviers) et Tony Levin (basse) et pour lequel Amnesty a interprété un titre : Biaxident. Le groupe oranais s'est, pour ce spectacle, enrichi de deux autres éléments : Nazim à la basse (un rescapé d'un vieux groupe du milieu des années 1990 qui s'appelait White Falcon) et Karim pour le chant. Mais c'est sans conteste le groupe Américain Dream Theater, le meilleur groupe du monde alliant le sens de la tragédie, de la sensualité mélodique et de la virtuosité technique qui a inspiré Amnesty, dont les musiciens ont interprété le dernier acte de la dernière scène : Finaly free de leur album le plus accompli sorti en 1999 et intitulé Scenes from a memory. A ses débuts, vers la fin des années 1980, cette formation qui venait d'être créée en 1986 par Portnoy, Petrucci et le bassiste John Myung et qui avait participé avec trois de ses éléments au projet LTE (les trois premiers cités plus haut), a fait la première partie de Marillion, une des références du genre progressif qui puise ses racines, toutes proportions gardées, aussi loin dans le temps que la période de Yes et ses compositions moins virtuoses mais pas du tout conventionnelles. Pour ce dernier acte de la tragédie « Dreamienne », Yacine, qui a dû se mettre aussi dans la peau de l'« hypnotist », joue le rôle du batteur Portnoy à qui il semble même emprunter son béret noir renversé, tandis que le chanteur Karim a essayé tant bien que mal d'interpréter les différents rôles (Nicholas, Victoria, Miracle, etc.) chantés avec beaucoup de lyrisme par le canadien James Labrie qui a rejoint le groupe en 1991. Amnesty va encore interpréter Hollow years, une ballade du même groupe (qui a pour refrain Carry me to the shoreline / Bury me in the sand / Walk me across the water / And maybe you'll understand), un titre sorti en single en 1997 puis introduit dans l'album Falling into infinity. D'autres reprises ont été offertes au public, comme Circles du « guitar-hero » Joe Satriani. Dans un autre registre, hormis Rosana de Toto, dont le clip a eu une large diffusion, il y a des années de cela, la formation oranaise s'est essayée à l'atmosphère spatiale des Pink Floyd. Des trois titres interprétés : Shine on you crazy diamond, Comfortably numb et Hey you, c'est le dernier qui a été le mieux interprété. Mais on est jamais mieux à l'aise que dans les choses que l'on crée soi-même. Sur les trace du groupe idole DTqui a bien repris lui aussi Metallica, Iron Maiden et Pink Floyd comme des classiques, Amnesty va-t-il, au bonheur de son public, pousser la création plus loin pour élargir le spectre de ses visions « psychotiques » ?