C'est à un véritable plaidoyer en faveur de la liberté d'entreprendre que le PDG de Cevital, Issad Rebrab, s'est livré hier lors de la dernière journée des débats sur les pôles de compétitivité organisés par MDI Business School à Alger. M. Rebrab, qui a présenté le projet de son groupe dénommé « Cap 2015 », un projet de dimension internationale consistant en un hub portuaire et pôle de compétitivité implanté à cap Djinet, dans la wilaya de Boumerdès, et en attente d'autorisation pour le lancement des travaux, a estimé que c'est à l'entreprise de décider où elle veut s'implanter, et ce, en réaction aux déclarations de M. Bouklia, du ministère de l'Industrie, qui a présenté le projet des 14 « zones de développement industriel intégrées » que le gouvernement compte mettre en place dans le cadre du projet SNAT 2025. Le PDG de Cevital a estimé que « l'Etat doit être un facilitateur », et ce, en créant un environnement favorable au développement de l'entreprise, non sans souligner au passage que des projets de son groupe ont été bloqués depuis 6 ans. Un débat s'en est suivi entre les représentants du ministère de l'Industrie, qui ont défendu la « vision » du gouvernement quant à la mise en œuvre des « zones de développement industriel intégrées », et des entrepreneurs privés, à l'image du PDG du groupe Cevital et Slim Othmani, PDG de NCA. Pour Mme Chettab, représentante du département de Temmar, « dans les zones, il n'y aura que des entreprises privées, mais elles ne seront pas des pôles de compétitivité », arguant de la faiblesse du tissu industriel national. Mais la mise en réseau de ces entreprises, ainsi que la gouvernance de ces zones sont prévues dans le projet SNAT 2015, a-t-elle tenu à préciser. Pour leur part, Issad Rebrab et Slim Othmani ont mis l'accent sur la cherté et la rareté du foncier industriel en Algérie. Le PDG de NCA fera remarquer que le prix de terrain à Sidi Abdallah est de 2 à 3 fois plus cher que dans n'importe quel pôle de compétitivité dans le monde. Quant au PDG de Cevital, qui semblait irrité par le décalage entre les professions de foi du gouvernement et la réalité du terrain, il clamera que c'est « l'Etat qui organise la pénurie » et que le problème sera réglé quand ce dernier cessera de faire dans la « spéculation ». Des critiques acerbes qui feront dire au représentant du ministère que les prix prohibitifs sont des prix du marché, non sans ajouter que 90% des terrains ont été utilisés par des entrepreneurs à des fins de « rentes foncières ». C'est dire que l'opportunité de la création de pôles de compétitivité en Algérie est au stade de débat. Un débat que le colloque du MDI a réussi à engager et qui a fait ressortir des expériences très intéressantes. A ce titre, la communication de Marc Jardini de KPMG sur les facteurs clés de succès pour un déploiement du dispositif a fait ressortir qu'en 2007, la France comptait 71 pôles, dont 17 sont dans la catégorie mondiale ou à vocation mondiale et 54 sont classés dans la catégorie nationale. 1,5 milliard d'euros sont alloués au soutien des pôles de compétitivité par le biais de financements publics et d'exonérations fiscales, indiquent les résultats de l'étude de KPMG sur 40 pôles de compétitivité en France. Une étude qui a conclu que le processus de réflexion stratégique reste essentiel, avec une impérieuse nécessité de la formation et un plus grand engagement des entreprises dans la vie des pôles, entre autres. Mais si pour Bernard Bernasconi du Ceram Sophia Antipolis, « chacun doit trouver son propre modèle », le professeur Taib Hafsi de HEC Montréal a estimé, pour sa part, qu'« il ne sert à rien de passer son temps à faire des stratégies qu'on ne mettra jamais en œuvre ». Pour lui, l'Etat ne peut être qu'un facilitateur, mais c'est aux acteurs d'agir et faire des actions concrètes au quotidien.