Le coma et bientôt la mort », c'est en ces termes que les pharmaciens d'officine, réunis jeudi par le syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo), au niveau de la salle de conférences du centre national de formation du personnel pour handicapés (CNFPH), ont décrit les conditions actuelles de l'exercice de leur profession. Le coup de grâce viendrait de ce que la nouvelle mouture sur les marges bénéficiaires, adoptée par le conseil du gouvernement le 27 mai 2008, constitue un écueil insurmontable, obligeant les 8 000 pharmaciens d'officine à fermer boutique. Notons que 30% d'entre eux ont déjà mis la clé sous le paillasson, alors que 6 000 autres sont endettés à 80% et menacés de fermeture. Le Snapo hausse le ton pour exprimer un rejet catégorique de cette nouvelle mouture ; il compte organiser des actions radicales et peut-être même un débrayage national ouvert. A. Bouhrid, représentant du syndicat, dira à ce propos : « Cette mouture est un non-sens, les marges bénéficiaires sont réduites à moins de 20%, alors qu'entre-temps celles des grossisteries sont revues à la hausse, nous exigeons son annulation ». En outre, il indiquera que le rapport qui a été remis au président de la République sera incessamment rendu public, et qu'une réunion du bureau national, élargie aux bureaux de wilaya, se tiendra le 8 juillet prochain et sera ponctuée par un communiqué et une conférence de presse, pour informer l'opinion publique de la mise à mort des pharmacies. Les interventions des pharmaciens, présents en nombre à cette rencontre, ont mis en exergue les moult problèmes auxquels ils sont quotidiennement confrontés. La précarité de leur situation se trouve être plus accentuée encore par la volonté insidieuse des pouvoirs publics qui cherchent à les déséquilibrer économiquement pour justifier une nouvelle politique et une libéralisation du secteur au profit des multinationales. Ce processus, disent les syndicalistes, est déjà entamé avec la récente implantation d'Alliance Boots, groupe international et géant européen, qui pratique une politique monopolistique par l'installation de chaînes de pharmacies. Plus encore, les représentants du Snapo accusent le gouvernement de permettre la pratique illégale de la profession au niveau des centres hospitaliers, les cliniques, la Cnas et l'Endimed, alors que les pharmaciens d'officines subissent un harcèlement continu à l'effet de les empêcher de s'unir. Une crise ouverte est donc annoncée par le Snapo ; le nouveau ministre de la Santé a déjà du pain sur la planche et hérite d'un dossier lourd, peut-être même explosif, puisque les pharmaciens d'officine, affiliés au syndicat, planchent sur un avant-projet d'une SPA qui regrouperait tous les pharmaciens du pays, et constituant ainsi une force capable de faire entendre sa voix.