Dans le pays de Ben Ali, la lutte contre le terrorisme donne l'autorisation aux autorités de commettre les actes de torture contre les présumés accusés. C'est le constat du rapport 2008 d'Amnesty International sur la torture. Soupçonnés la plupart du temps d'être liés à des réseaux islamistes à l'étranger, ils sont enfermés dans un lieu inconnu où personne n'a de nouvelles d'eux. Pour avoir leurs aveux, c'est à la guerre comme à la guerre : tabassages en règle, brûlures de cigarettes sur tout le corps, décharges électriques, suspension au plafond, simulation de la noyade, simulacres d'exécution, viol et même menace de viol sur leurs femmes et filles... Bref, tous les moyens sont bons. Une fois les aveux obtenus, c'est direction le tribunal militaire avec un procès non équitable. Les présumés et leurs avocats souvent menacés ont beau expliquer les actes de torture commis pendant leur incarcération, aucune enquête n'est demandée de la part du juge d'instruction malgré les plaintes des victimes lors des procès. Pour une grande majorité d'entre elles, elles sont condamnées à de lourdes peines de prison pouvant aller à plus de 10 ans. Ils sont la plupart du temps accusés d'appartenance à une organisation terroriste opérant à l'étranger. Des Tunisiens qui ont été expulsés de France ont été transférés directement à la case prison et dans ces lieux secrets de la police. Ces personnes avaient déclaré au pays d'accueil qu'elles étaient menacées. Selon les textes internationaux, elles n'auraient jamais dû être rapatriées. Cette année, Abdellah Al Hajji et Lofti Layaha ont été libérés de la célèbre prison de Guantanamo. A leur arrivée, ils ont tout de suite été mis en détention provisoire. Abdellah Al Hajji s'est plaint de coups au visage et de menaces de viol sur sa femme et sa fille. Il a été condamné à 10 ans de prison. Les opposants au régime de Ben Ali en ont aussi pour leur grade. En novembre 2007, trente personnes ont comparu devant les tribunaux par rapport à l'affaire dite de Soliman. Soupçonnés de tentative de coup d'Etat, elles ont tous subi des actes de torture pendant leur détention. Leurs avocats ont exigé devant le juge des examens médicaux prouvant leur maltraitance. Elles ont toutes été rejetées. Un des accusés, Mohamed Amine Jaziri, témoigne de son traitement. Il a été détenu au secret dans les locaux de la direction de l'Etat à Tunis pendant plus d'un mois. Ses proches n'avaient aucune nouvelle de lui. Ce dernier explique que pendant sa détention, il a été frappé sur tout le corps, suspendu au plafond pendant plusieurs heures avec des décharges électriques. Au cours de ces interrogatoires, les policiers lui mettaient une cagoule sale sur la tête. Actuellement, il encourt sa peine de trente ans de prison. Les prisons sont également pointées du doigt dans ce rapport d'Amnesty International. Dans celle de Mornaguia, des avocats ont vu leur client grièvement blessé à l'œil ou à la jambe et incapable de se tenir debout. D'autres ont été dévêtus par les gardiens et traînés dans le couloir jusqu'à leur cellule. Des accusations que le pouvoir réfute et les juge de « totalement subjectives et dépourvues de crédibilité ». Dans les pays occidentaux, la Tunisie est vue comme un pays libre en pleine croissance économique. Lors de sa dernière visite en Tunisie, le président français Nicolas Sarkozy avait même expliqué qu'à chaque fois qu'il venait dans ce pays, des personnes se mettaient en grève de la faim et dès son départ, elles se remettaient à manger. Pour rappel, dans le projet de l'union pour la Méditerranée, la France propose à la Tunisie de prendre en charge le secrétariat général.