Conséquence de la désillusion des Palestiniens, née du blocage du processus de paix par Israël, ou plus simplement poursuite des actions de la résistance palestinienne contre l'occupant israélien, la scène proche-orientale a enregistré, hier, l'apparition d'un nouveau mouvement par la force des armes et en plein centre de la ville sainte d'El Qods, puisqu'il en est à sa deuxième opération depuis le mois de mars dernier. Il s'agit des Brigades des hommes libres de la Galilée. En effet, un Palestinien au volant d'une pelleteuse a tué hier au moins trois Israéliens et blessé plus de 45 autres dans le centre de cette ville sainte ravagée par le processus de colonisation. Selon la police, l'auteur de cette opération était un homme âgé de 30 ans, habitant du village de Sour Baher, marié et père de deux enfants. L'attentat s'est produit à midi précise dans l'une des rues les plus passantes de la ville, sur le chantier du tramway actuellement en construction, provoquant un mouvement de panique. Un tramway très controversé avec des implications internationales. « Nous dénombrons pour l'instant quatre morts, dont le conducteur de la pelleteuse, et 45 blessés, dont trois grièvement », a déclaré un porte-parole israélien. Un groupe palestinien peu connu, « Les Brigades des hommes libres de la Galilée », a affirmé, hier, être responsable de l'attaque. Ce groupe avait également revendiqué l'attentat meurtrier contre une école talmudique le 6 mars à El Qods, mais cette revendication n'avait jamais été confirmée de sources policières. L'attaque s'est produite lorsque le conducteur palestinien de la pelleteuse s'est lancé dans une course folle sur une centaine de mètres dans la rue Jaffa, renversant un bus, des véhicules et des passants avant d'être abattu par un policier d'une unité d'élite. Il s'agit du premier attentat à El Qods depuis le 6 mars. Huit étudiants israéliens d'un institut d'études talmudiques d'El Qods ouest avaient été tués par balles par un Palestinien qui a été abattu peu après. L'attentat était le plus meurtrier depuis quatre ans en Israël. L'attaque d'hier intervient alors que le mouvement islamiste Hamas et Israël ont signé une trêve des violences dans la bande de Ghaza. Le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Ghaza a qualifié cette attaque de « réponse naturelle aux agressions israéliennes », mais a indiqué n'avoir aucune information sur ses auteurs. Justement, dans cette portion de la Palestine, des centaines de Palestiniens ont pris d'assaut, hier, le terminal de Rafah à la frontière entre la bande de Ghaza et l'Egypte avant d'être repoussés par les forces de l'ordre égyptiennes et une intervention du Hamas qui a rétabli le calme. Le calme est effectivement revenu à la frontière où le Hamas a repris contrôle de la situation côté palestinien, selon le responsable égyptien. L'Egypte avait dépêché en urgence des « dizaines de policiers » le long de la frontière de 14 km après avoir ouvert Rafah exceptionnellement mardi et hier. Il s'agissait de laisser un certain nombre de Palestiniens de la bande de Ghaza porteurs de permis de résidence à l'étranger et de visas, ainsi que les étudiants et les malades, de passer sur territoire. « Les Palestiniens sont apparemment en colère parce que le quota est limité », a dit un responsable égyptien. Aucun Palestinien n'a pu pénétrer hier en Egypte, alors qu'un peu plus de 200 avaient pu le faire mardi, a-t-il précisé. Le terminal de Rafah est fermé quasiment en permanence depuis 2006. Mais des centaines de milliers de Palestiniens s'étaient rués en Egypte du 25 janvier au 3 février après la destruction de la clôture frontalière à Rafah par des militants du Hamas pour échapper au blocus israélien. En réalité, c'était pour fuir cette immense prison puisque toutes les voies d'accès sont bouclées et gardées par l'armée israélienne qui y a imposé un blocus inhumain. L'ONU interdite d'accès dans les territoires Un comité spécial de l'ONU, qui enquête sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, a déclaré mardi avoir été empêché par Israël d'y accéder. « Les autorités israéliennes ne nous ont pas permis de visiter les territoires palestiniens et n'ont donné aucune raison pour expliquer leur refus », a dit dans une conférence de presse à Amman le chef du comité, Prasad Kariyawasam, précisant toutefois qu'Israël ne reconnaissait pas leur mandat. Les trois membres du Comité spécial de l'ONU d'enquête sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme des Palestiniens et des autres Arabes des territoires occupés par Israël ont déjà visité l'Egypte et doivent se rendre en Syrie. Ils ont exprimé leur « vive préoccupation » devant les conditions de vie des Palestiniens des territoires occupés. Ils ont souligné « la détérioration des droits de l'homme dans le territoire, la grave situation humanitaire dans la bande de Ghaza, la poursuite de la politique de colonisation (juive) et la barrière » érigée par Israël en Cisjordanie. « De telles politiques et pratiques doivent cesser car elles sont une sérieuse menace pour l'avenir du peuple palestinien et son autodétermination », a dit M. Kariyawasam. Le comité de l'ONU a recueilli des interviews de Palestiniens de la bande de Ghaza, de Cisjordanie, d'El Qods est par téléphone et certains témoins ont été empêchés de voyager à Amman où au Caire, a dit ce responsable. Il a ajouté que son groupe allait soumettre cette année un rapport à l'assemblée générale de l'ONU .