On dit souvent et même très généralement que la politique étrangère des Etats-Unis est caractérisée par la continuité. L'actuel président, George W. Bush, prouve cette tendance surtout en ce qui concerne Israël, avec un soutien appuyé, même si cela peut contrarier certains efforts ou mener tout droit vers l'impasse. Ainsi en est-il de son appui apporté en avril 2005 au projet de l'ancien Premier ministre israélien, prévoyant des « compensations territoriales », c'est-à-dire l'annexion de nouveaux territoires palestiniens en contrepartie du retrait israélien de Ghaza. Et pourtant, le président américain ne peut ignorer que l'occupation de la terre est à l'origine du conflit du Proche-Orient et que son père à l'époque président des Etats-Unis, mais aussi initiateur de la conférence de Madrid sur la paix au Proche-Orient en 1991, avait accepté que les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité servent de base à tout règlement. A l'époque, soit au lendemain même de la première guerre contre l'Irak, qui avait permis la libération du Koweit, l'urgence d'un règlement et la nécessité d'un compromis étaient largement commentés. Mais hier, le président Bush a révisé ce postulat en déclarant que la flambée de violence « aide à clarifier la cause première de l'instabilité au Proche-Orient et la relation du Hezbollah avec la Syrie et avec l'Iran ». Abondant dans ce sens il ajoutera : « Donc, pour régler ce problème, il est réellement important que le monde s'occupe de la cause première » des tensions. « Le moment de la clarification est venu », a-t-il dit. A l'entendre, les choses ne seraient pas suffisamment claires, mais un élément nouveau vient d'être introduit. A l'inverse, d'autres qui font consensus au plan international comme en attestent les résolutions de l'ONU demeurées lettre morte, sont tout simplement occultés sinon tout simplement effacés. A entendre également Israël et tous ceux qui parlent du droit d'Israël à se défendre, l'histoire a commencé le jour de l'enlèvement des soldats israéliens par les Palestiniens d'abord et le Hezbollah ensuite. Mais pourtant, ceux qui ont mené ces opérations se présentent comme des mouvements de résistance et ils sont reconnus comme tels sauf par les Etats-Unis notamment qui les qualifient de terroristes. Ce qui explique toutes les positions qui en découlent, sauf bien entendu en ce qui concerne l'occupation qui est un fait indéniable. Le Hezbollah tout comme les mouvements palestiniens sont nés par rapport à un fait historique, une violence qu'est l'occupation et la négation de leurs droits nationaux pour les seconds. Leur violence intervient après celle de l'occupant. Elle ne l'a pas précédé, ce qui aurait ensuite justifié les mesures de représailles, ou encore pour reprendre l'expression de plus en plus usitée bien que totalement inappropriée, exercerait légitimement son droit à l'autodéfense. Il faudra par conséquent remonter aux origines de la violence et prouver qu'elle n'est ni un fait isolé ou une manipulation par une quelconque tierce partie. Très présents sur la scène proche-orientale, les Etats-Unis ont bien tenté de nouer les fils de la discussion, notamment entre Palestiniens et Israéliens, menant souvent un travail rétrospectif comme pour la commission Mitchell du nom de l'ancien parlementaire américain et, même plus près de nous, le Quartette qui ont l'un comme l'autre parlé de mesures de confiance. Mais en ce qui concerne le Liban, c'est le blocage sinon le statu quo comme si Israël s'était retiré totalement du territoire libanais, alors même que les Libanais disent le contraire. Il y a donc conflit même s'il est de moindre intensité, mais un conflit quand même comme le prouve la présence depuis 1978 le long de la frontière libano-israélienne d'une force d'interposition de l'ONU, la FINUL (Force intérimaire des Nations unis pour le Liban). Et celle-ci, dont le mandat sera très naturellement prorogé à la fin de ce mois, ne sera pas dissoute avant longtemps. C'est-à- dire aussi longtemps qu'une paix durable ne se sera pas substituée à cet état de guerre. Quant à ce qui vient s'ajouter à cette violence, comme soutiens ou autres formes supposées de manipulation, cela n'enlève rien à son essence.