Un groupement de bureaux d'études devant diagnostiquer la nature du mouvement des glissements de terrains qui est en train de survenir à Aïn El Hammam et Tigzirt a été installé, mardi 17 juin, par le wali de Tizi Ouzou, lors d'une réunion autour du thème, au secrétariat général de la wilaya. L'équipe renferme les compétences de trois sociétés, dont deux sociétés françaises (ANTEA, TTI Environnement) et un bureau algérien (Hydrau-Environnement), dirigée par le géophysicien, Azzedine Boudiaf, également chercheur associé au CRAAG. Les glissements de terrain menacent la population locale, eu égard au relief montagneux de la région. Pour l'heure, les experts ont effectué un déplacement de reconnaissance sur le terrain. Les premiers constats sont inquiétants. Dans une première estimation, la vitesse du mouvement de la superficie vulnérable à Aïn El Hammam est évaluée à 3 cm/5 ans, soit un détachement lent du sol. La superficie d'étude s'étale sur 180 ha. Selon M. Boudiaf, expert en géorisque, ce qui accentuerait ce glissement est « l'éclatement répétitif du réseau d'eau potable et surtout, celui des eaux usées qui contiennent des produits détergents rendent l'action de l'eau plus agressive ». Par ailleurs, des citoyens de la ville de Aïn El Hammam nous avaient saisis, il y a quelques mois, pour dire que « les travaux de réfection du réseau d'eau potable de la ville, qui consiste à remplacer les vieilles conduites de fonte par le polyéthylène (PE) ne répond à aucune norme d'utilisation du nouveau matériau ». Les citoyens témoignent qu' « il n' y a pas un jour où des fuites d'eau ne sont pas signalées à travers la ville, sur un réseau qui vient, pourtant, juste d'être réceptionné et mis en service ». Décidément, il n'y a pas que le poids des bâtisses, le dysfonctionnement du réseau d'assainissement et les vibrations sur le sol sont à l'origine du glissement de terrain au niveau de la zone nord-ouest et une partie du centre-ville de Aïn El Hammam. Il s'agit pour un habitant « d'une méconnaissance de l'usage de ce matériau (PE). Tout d'abord, les conduites ont été torturées par les piétonniers et les véhicules avant leur pose, leur causant des ovalisations et des éraflures. Ensuite, lors de la pose, la profondeur réglementaire, qui est de 80 cm au minimum, n'a pas été respectée, y compris le protocole de fusion des tubes. De plus, aucun lit de sable n'a été effectué avant l'ensevelissement des conduites. » À Tigzirt, le terrain instable s'étale sur une superficie de 160 ha au quartier les 12 Bungalows à une encablure de la grande plage. Dans cette zone, les spécialistes signalent le dénudement de certaines bâtisses. Les solutions, préconisées pour chaque cas, seront déterminées par l'étude. Elles consistent généralement à la mise en œuvre de techniques de stabilisation, notamment le reboisement, le gabionnage et le drainage des eaux. A noter que 22 sites urbanisés sont plus qu'exposés à ce phénomène. A titre d'exemple, l'on cite les berges du barrage de Taksebt, Boujdima qui connaîssent d'importants éboulements de roches et une partie de Boukhalfa. D'ailleurs, la wilaya avait introduit une fiche technique auprès du ministère de l'Environnement afin d'entamer une étude de vulnérabilité globale pour l'ensemble du territoire de la wilaya.