Cris stridents. Palabres endiablées. Enfilades d'hurlements d'âmes extasiées. La voix s'emballe. Elle monte sur ses ergots, maugrée, vitupère. Il faut battre le fer tant qu'il est chaud. Et ce n'est pas blasphémer ou tailler les croupières que de rappeler une vérité lancinante. Les médias prêtent trop au football. La violence se nourrit aussi de ce vocabulaire enflammé, voire guerrier que l'on colporte et que l'on ressasse machinalement et par habitude. On ne pipe mot sur un matraquage quasi systématique, débridé et envahissant opéré par des moyens de communication en constante activité. Le football est leur enfant chéri, leur mascotte. Trop d'encre, de salive, d'images de reportages, d'émissions, prêchent la bonne parole. A croire que chez nous, le football est aussi important que le pain et l'instruction. Des entraîneurs, sentencieux solennels, guindés et montés à quatre épingles, s'ingénient à gloser en un arabe classique devant les caméras et les micros. Attitude burlesque et théâtrale. Que de commentaires proférés avec un sérieux de moine copiste qui étonne et dérange à la fois. Franchement ubuesque.Un tel état d'esprit, baigné dans un environnement dominé par le désœuvrement et l'oisiveté, le chômage et la déperdition scolaire, a de quoi influer sur des franges juvéniles, fragiles et submergées par l'inaction. La nature a horreur du vide. Le stade devient un exutoire, un pis-aller. On déverse des charges infiniment houleuses. Et c'est la collectivité qui en pâtit immanquablement. La cité croule sous le poids des vociférations et des débordements graves. Le résultat est là. On y va à fond, sans rémission ni retenue. Le stade devient arène au grand dam des puristes. Bonjour les dégâts.