Situé à quelques kilomètres du chef-lieu de wilaya, le quartier sombre dans l'oubli. Les habitants ont frappé à toutes les portes pour faire entendre leurs doléances, en vain. A l'heure où tous les responsables de l'hydraulique se « gargarisent » de la mise en service du pharaonique barrage de Béni Haroun, bien qu'il y ait eu plus de couacs que de cocoricos, il existe encore des quartiers où l'eau n'est pas ce liquide qui coule, systématiquement, des robinets. Á la cité, ou quartier de Oued Yagoub, plus connu par Lejdour, les robinets sont absents, et les installations externes pour acheminer le précieux liquide aussi. C'est que les autorités locales n'ont pas jugé bon d'installer des conduites. Ce quartier se trouve entre Constantine et El Khroub, juste en face de la cité Sissaoui, abritant, depuis une dizaine d'années, plus de 500 personnes, qui « boivent et se lavent » grâce à la débrouillardise des enfants se targuant d'avoir des « biscotos » épais « comme ça », transportant des jerricans et menant un carrousel permanent. Il y a aussi les pères de famille qui se saignent quotidiennement en faisant appel aux vendeurs d'eau. Et il y a enfin quelques chanceux qui possèdent un puits où ils peuvent puiser toute l'eau qu'ils veulent. Les habitants ont frappé à toutes les portes pour faire entendre leurs doléances, ils ont même écrit, par le biais de leur association de quartier, au wali, au P/APC, et au chef de daïra en octobre dernier, les priant d'intervenir afin de mettre fin à leur calvaire et les alimenter en eau, peine perdue, ils ne recevront aucune réponse. Ils s'essayeront à un exercice semblable avec le P/APW le 7 juillet de cette année. Ils espèrent toujours. En attendant, cet énième été, ils le passeront sûrement sans eau avec le perpétuel spectre des maladies hydriques. Lejdour, ce n'est pas uniquement l'eau qui ne coule pas dans des robinets qui n'existent pas. C'est aussi une situation géographique qui fait que la quartier est excentré par rapport au chef- lieu de wilaya et El khroub, où tout manque. Le transport pour ses habitants est un véritable casse-tête que n'arrive à occulter que l'absence d'eau. Lejdour, c'est aussi ce quartier maudit où tous les laboratoires médicaux et les pharmaciens véreux se débarrassent de leurs produits usités où périmés dans ses alentours. « Nous voulons que nos enfants aient d'autres activités que le transport d'eau, que l'on pense à nous pour une ligne de bus, bref que nous soyons considérés comme des citoyens à part entière », dira sur un ton pathétique le président de l'association de ce quartier.