Le monde est-il au bord d'une nouvelle course aux armements, s'il ne l'est déjà ? La question revient avec insistance depuis la signature, mardi, d'une alliance de fait entre les Etats-Unis et la République tchèque, dans le cadre du déploiement, dans ce pays, de ce que les Américains appellent le bouclier antimissile. Et dire que cette cérémonie se tenait alors que les grands de ce monde débattaient très précisément des problèmes de ce dernier dans le cadre du G8, réuni en sommet au Japon, même si le mot paix était à peine esquissé. Prenant acte de ce pas qui a été franchi et qui n'est que le premier, puisque au moins un autre pays — la Pologne ? — est concerné lui aussi, la Russie a fait part, hier, de sa réaction. C'est le président russe, Dmitri Medvedev, qui est monté au créneau en assurant que son pays ne cédait pas à « l'hystérie », mais qu'il réfléchit à des « mesures de rétorsion ». Mardi, soit le jour même de la signature de cet accord, une première réaction russe menaçait de « réagir », en mettant en place de « la technique militaire », à un éventuel début de déploiement d'une défense antimissile américaine près de ses frontières, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. « Si, près de nos frontières, débute le déploiement réel d'un système de défense antimissile stratégique américain, alors nous serons obligés de réagir non pas de façon diplomatique, mais par des méthodes techniques militaires », a souligné le ministère. « Il n'y a aucun doute que le rapprochement d'éléments de l'arsenal stratégique américain en direction du territoire russe peut servir à affaiblir notre potentiel de dissuasion », poursuit le communiqué. « Il est clair que la partie russe prendra, dans une telle situation, les mesures adéquates pour compenser la menace (ainsi) créée à sa sécurité nationale. Mais ce n'est pas de notre choix », ajoute le ministère. Et hier, le ministre russe des Affaires étrangères se voulait encore plus persuasif en se basant sur les propres performances des missiles que l'Iran vient justement de tester. Ceux-ci « confirment que l'Iran a des missiles d'une portée allant jusqu'à 2000 kilomètres et (...) qu'un bouclier antimissile, avec ces paramètres, n'est pas nécessaire pour surveiller ou réagir à de telles menaces », a déclaré devant la presse le chef de la diplomatie russe. L'Iran a annoncé, jeudi, avoir procédé à de nouveaux essais de missiles dans le Golfe, au troisième jour de manœuvres militaires qui ont fait monter d'un cran la tension entre Téhéran et les pays occidentaux.