Le procès en appel du séisme de Boumerdès connaît un revirement des experts des commissions du gouvernement qui ont enquêté sur « les causes probables » de l'effondrement spectaculaire et inattendu de nombreuses bâtisses lors de la catastrophe de 2003. Les experts des commissions ministérielles refusent, en fait cette fois-ci, que l'on fasse usage de leurs conclusions pour incriminer des intervenants dans l'acte de bâtir. Leur attitude lors de ce procès en deuxième instance tranche nettement avec celle qu'ils avaient adoptée au tribunal l'été dernier. Hier, lors de l'examen du cas des 50 logements OPGI de Dellys, deux bâtiments réceptionnés quelques jours seulement avant le séisme et qui s'étaient totalement effondrés provoquant la mort de 84 personnes, un des membres de ces commissions, Hadj Aïssa, répondant aux questions du juge et de l'avocat général a été on ne peut plus clair. « On ne nous avait pas envoyés sur le terrain pour élaborer une expertise judiciaire. Si c'était le cas, nous aurions mis trois mois au moins pour la faire. Si je savais que ce travail allait servir pour des poursuites judiciaires, je ne l'aurais pas remis ainsi », a-t-il dit. Jeudi dernier, un autre expert avait déclaré à El Watan que sa mission avait pour objectif principal, leur avait-on dit, d'aller sur le terrain recueillir des données susceptibles d'aider à la mise à jour du règlement parasismique. D'où leur « intérêt à tout ce qui s'apparentait à des anomalies », explique ce spécialiste. Hadj Aïssa était tellement affecté durant l'interrogatoire qu'il a dû se retirer pendant quelques minutes avant de revenir à la barre. Il était ému. Il a senti que les questions du procureur général surtout avaient pour but de lui faire dire que ce sont les erreurs humaines dans la construction qui ont conduit à l'écroulement des 2 bâtiments provoquant une hécatombe pendant qu'on célébrait un mariage dans cette cité. « Je ne peux pas dire que c'est à cause des erreurs que les blocs s'étaient effondrés parce que nous n'avons même pas pu analyser les fondations des bâtiments », a-t-il dit. Il a plutôt rappelé que dans le rapport de la commission, qui contient 5 conclusions, ils ont mis en premier la force du séisme avant de parler d'autres facteurs. Nous avons en fait remarqué que, dès le début de ce procès, les experts ont beaucoup insisté sur le facteur naturel plutôt que sur les erreurs humaines. La défense a, elle aussi, cherché à prouver que toutes les procédures légales étaient respectées dans la réalisation de ces 2 bâtiments, de 25 logements chacun. Les accusés ont, bien entendu, rejeté tous les griefs retenus contre eux.