Pendant l'examen des cas de l'EPLF hier, par la cour de Boumerdès, dans le cadre du procès en deuxième instance relatif au séisme de mai 2003, le professeur Chelghoum Abdelkrim, spécialiste en génie parasismique, désigné par la justice pour expertiser les bâtisses effondrées, n'a rien changé à son discours au sujet des « causes probables et potentielles » des dégâts occasionnés aux constructions lors de cette catastrophe. Contredisant même les experts du Craag, et dans la foulée, ceux désignés par le gouvernement afin de mener une enquête sur le terrain, M. Chelghoum a déclaré qu'« à Corso en particulier, ce sont les études du sol, erronées, qui sont à l'origine de l'effondrement des bâtisses » a-t-il dit. Ce n'était donc pas essentiellement dû à la « force du séisme » comme le prétendent les autres. « Est-ce que ce n'est pas la forte magnitude de la secousse ? », a demandé le juge. Le professeur répond : « Ce serait une catastrophe si on pouvait dire cela, car dans ce cas, il faudrait carrément changer de pays. Le séisme du 21 mai 2003 était un séisme normal, modéré, vu la sismicité de la partie nord de notre pays. Il y a eu tous ces dégâts parce que les études de sol n'étaient pas fiables et le zonage était loin d'être adéquat. C'est sur la base de ces 2 éléments que nous lançons la construction. » La responsabilité de ce qui s'est produit à Corso et à Boumerdès en général est donc imputable aux laboratoires ayant effectué les études de sol et les parties chargées du suivi de leur travail. En un mot : l'Etat algérien. Toutes les normes ont été respectées Car M.Chelghoum a déclaré au juge que c'est à cause de la nature de ce sol, qu'il y aurait eu effondrement, quoi que l'on ait fait. « Les silos de l'Eriad de Corso, construits selon les normes les plus sévères, ont été endommagés », a justifié le spécialiste. Les « anomalies » pour lesquelles sont poursuivis les accusés ne sont donc que « secondaires », selon lui. Cependant, ceci n'est pas l'avis de Mme Azouz Khedaoudj, membre de la commission ministérielle, qui a enquêté à la cité des 252 Logements EPLF des Issers où un bâtiment s'est effondré, faisant 10 morts et quelques blessés. Le rapport de cette commission, que Mme Azouz a eu à défendre, relève quelques « anomalies » dont l'insuffisance du joint sismique, grand écartement dans le ferraillage et mauvaise qualité du béton, entre autres. Appelé à la barre, le PDG de l'EPLF a déclaré qu'il n'a aucune responsabilité dans ce qui s'est passé, car lorsqu'il est arrivé à la tête de l'entreprise en 1991 « l'infrastructure était achevée ». « J'ai hérité de ce projet et à la passation des consignes l'on n'a fait état d'aucune réserve ni anomalie »,a-t-il précisé. Il insiste cependant que « selon le dossier, toutes les règles ont été scrupuleusement respectées ». Il a précisé que le sérieux de l'entreprise est clairement reflété par les statistiques. « Sur les 17 000 logements de l'EPLF dans la wilaya, il n'y a eu que 132 cas d'effondrement. Ce qui représente une proportion infime », a-t-il dit.