C'est sous ce titre que l'Association de Kenadsa pour la sauvegarde du patrimoine et des documents a organisé, jeudi dernier, une rencontre pour débattre du sujet et à laquelle ont participé des architectes, des universitaires, des membres du conseil exécutif concernés par la restauration et des citoyens de la localité. Les interventions des uns et des autres ont mis la lumière sur les difficultés à sauvegarder la richesse du patrimoine matériel et spirituel des ksour de la lente dégradation. Faut-il les réhabiliter ou les restaurer ? Telle est la question posée au cours de la rencontre. Les orateurs ont reconnu que la problématique nécessite une réflexion sachant que ces habitations ancestrales ne répondent plus à une fonction sociale. Mais les approches formulées sur les types d'intervention quant à préserver ce genre d'habitation, par exemple du ksar de Kenadsa situé dans la zaouïa Ziania de la détérioration, ont divergé sur la définition entre réhabilitation et restauration. Selon un architecte, la réhabilitation est une vision qui intègre le retour d'un ensemble d'activités socio-économiques et une stabilité de la population qui habitait jadis le ksar. Une telle vision est révolue et difficilement réalisable, voire utopique de nos jours au regard des profonds changements qu'a connus la société. Dans un langage cru, un membre de l'exécutif fait observer qu' « on ne peut réhabiliter ce que l'histoire a rendu caduque et irréversible ». Dans cinq siècles, durée de l'existence du ksar de Kenadsa, ajoutera-t-il, les générations futures vont pouvoir elles aussi demander la réhabilitation de ce que nous entreprenons aujourd'hui et considérons comme actions modernes. Mais un architecte explique par contre que la restauration de la morphologie initiale des sites en question est possible. Car celle-ci vise à travers une étude appropriée par les spécialistes à rendre ce patrimoine ancestral à son état initial en intégrant des matériaux de construction utilisés à l'époque. Selon le directeur de l'urbanisme et la construction, la réhabilitation a été arrêtée par les pouvoirs publics, car des sommes colossales ont été utilisées dans la restauration des patrimoines ksouriens, mais sans avoir donné les résultats escomptés. Selon lui, la restauration doit se faire dans un but précis. A titre d'exemple, il citera les ksour de la wilaya d'Adrar qui ont été réhabilités parce que, notera-t- il, ils sont habités par plus de 70% de l'ensemble de la population d'Adrar. Néanmoins les ksour de Béchar dont la morphologie est différente sont quasiment désertés par leurs occupants et ont subi à travers les vicissitudes du temps les coups de butoir des profondes mutations socio-économiques. C'est pourquoi, tenant compte de cette réalité, certains intervenants n'ont pas hésité à affirmer clairement que si une réhabilitation doit s'opérer elle ne pourrait se faire que dans un but de tourisme et de ce fait elle doit se départir d'une vision nostalgique d'un passé à jamais révolu.