Plusieurs centaines d'Arabes du Mali ont entamé dimanche dans l'extrême sud-est mauritanien un congrès de trois jours consacré à la situation dans le nord de leur pays, occupé par divers groupes armés, incluant des indépendantistes et des islamistes, selon des participants. Le forum, qui se tient dans la localité mauritanienne de Nbeikett Lehouache, regroupe des chefs de tribus locales et hommes politiques de l'intérieur et de la diaspora malienne, originaires notamment de la mythique ville de Tombouctou (nord-ouest du Mali), d'après ces sources jointes depuis Nouakchott. Selon un communiqué de la commission d'organisation de la rencontre signé par Ahmed Ould Sidi Mohamed, ce congrès vise à chercher "une stratégie conduisant à une sortie de crise équitable et définitive" dans le nord du Mali. Un coup d'Etat militaire le 22 mars contre le pouvoir à Bamako a précipité la chute de l'immense Nord malien aux mains de divers groupes armés qui combattaient l'armée malienne depuis mi-janvier. Parmi ces groupes, figurent la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, laïc) et Ansar Dine (islamiste), qui prône l'application de la charia - loi islamique - dans tout le Mali et domine actuellement avec son allié Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi, jihadiste) par rapport au MNLA. Le MNLA a unilatéralement proclamé en avril l'indépendance d'un "Etat de l'Azawad", du nom d'une région naturelle s'étendant du nord-est au nord-ouest du Mali, indépendance rejetée par Bamako et la communauté internationale. "La situation d'occupation et de fait accompli" dans le nord du Mali est "injuste et inadmissible", et "la déclaration d'indépendance de l'Azawad" s'est faite "sans concertation préalable avec les autres communautés" de ces zones, incluant les Arabes, Songhoïs, Peuls, affirment les organisateurs du congrès dans le communiqué. Ils se disent toutefois ouverts au dialogue avec le MNLA, Ansar Dine et les autres communautés du nord malien, et proposent que la médiation menée actuellement par l'Afrique de l'Ouest soit élargie à la France, à la Mauritanie, à l'Algérie "et aux membres agissants de la communauté internationale". Ansar Dine et le MNLA avaient annoncé le 26 mai un accord de fusion, qui a été dénoncé vendredi par une partie des rebelles touareg, évoquant des désaccords sur la charia. Mais depuis vendredi soir, des dirigeants des deux groupes rediscutent du projet de fusion dans le nord du Mali, selon leurs entourages.