[image] Les observateurs de l'ONU sont finalement arrivés vendredi sur les lieux du massacre d'Al-Koubeir en Syrie, où l'escalade de la violence a poussé les Occidentaux à oeuvrer pour des sanctions aux Nations unies contre le régime de Bachar al-Assad. Dans le même temps, des milliers de Syriens ont manifesté à travers le pays contre M. Assad, tout en exprimant leur exaspération à l'égard de la communauté internationale, impuissante à faire cesser les violences qui ensanglantent le pays depuis le début de la révolte en mars 2011. Mercredi, 55 personnes dont des femmes et des enfants ont été tuées à Al-Koubeir, un hameau de la province de Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui, avec l'opposition syrienne, a imputé ce massacre aux "chabbihas", les milices pro-régime. Mais les autorités de Damas ont démenti qu'un tel massacre ait eu lieu, affirmant qu'il y avait seulement neuf victimes, tuées par des "groupes terroristes", appellation officielle pour désigner rebelles et opposants. Dans l'après-midi, les observateurs de l'ONU "se sont rendus au village (voisin) de Maarzaf où les victimes ont été enterrées, puis à Al-Koubeir", a dit un militant à Hama, Abdel Karim al-Hamoui. "Des soldats ont intimé l'ordre aux habitants de ne pas parler aux observateurs sous peine de représailles". A New York, l'ONU a confirmé leur arrivée "pour enquêter sur place" mais souligné qu'aucun détail ne serait donné avant "le retour des équipes à leur base". Paul Danahar, un journaliste de la BBC accompagnant le convoi de l'ONU, a raconté sur Twitter y avoir vu deux habitations ravagées par le feu, sans aucun signe de vie. "L'odeur nauséabonde de chair brûlée y est toujours très forte". "Il y a beaucoup de sang dans l'une des pièces et des morceaux de chair sont visibles parmi les affaires éparpillées. Même le bétail a été tué et les carcasses pourrissent au soleil", a-t-il dit. Des militants ont aussi assuré à M. Danahar que les dépouilles avaient été évacuées par les forces régulières jeudi, au moment où, selon l'ONU, des barrages de l'armée et des "tirs à l'arme légère" empêchaient les observateurs de parvenir au village. Après ce massacre, le patron de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que M. Assad avait "perdu toute légitimité" et déploré que des armes lourdes, des balles perforantes et des drones aient été utilisés contre les observateurs depuis le début de leur mission à la mi-avril. Avant Al-Koubeir, 108 personnes avaient été massacrées le 25 mai à Houla (centre). Les autorités avaient aussi nié toute implication mais un responsable de l'ONU avait dit que des soupçons pesaient sur les partisans du régime.