Plus de 5 millions d'Algériens ont été forcés à quitter leurs terres et habitations par les autorités coloniales françaises qui ont mené "les plus violentes opérations de déplacement de toute l'histoire", a affirmé samedi Noureddine Yazid Zerhouni, moudjahid et membre du ministère de l'armement et des liaisons générales durant la guerre de libération (MALG). Intervenant lors du forum d'El Moudjahid dans le cadre d'une conférence sur "le déplacement des Algériens durant l'occupation française" en présence de moudjahidine et historiens, M. Zerhouni a précisé que les autorités françaises ont forcé "plus de 5 millions d'Algériens à quitter leurs terres et habitations" soit près de 50 % du nombre global de la population, ce qui témoigne, a-t-il dit, de l'atrocité des crimes commis par la France coloniale. Près de 2 millions de ces Algériens ont quitté leurs terres après 1830, fuyant les génocides perpétrés par l'armée française contre les tribus, a indiqué M. Zerhouni. Certains milieux (études académiques françaises) avancent le chiffre de 3 175 000 déplacés, a-t-il ajouté. M. Zerhouni a estimé que ces chiffres sont "limités", car les résultats des études relatives à ce sujet ont été publiés avant la fin de la guerre alors que les autorités françaises ont continué à chasser les Algériens de leurs terres jusqu'à l'indépendance. L'ancien officier au ministère de l'armement et des liaisons générales, a indiqué que les statistiques qu'il a présentées sont plus proches de la réalité, étant effectuées sur la base "des rapports des autorités militaires françaises". M. Zerhouni qui occupe actuellement le poste de vice-Premier ministre, a mis l'accent sur l'importance d'accorder un plus grand intérêt à l'histoire de notre révolution, appelant à l'ouverture des archives nationales y compris celles du gouvernement algérien provisoire (GPRA). Pour leur part, l'historien et chercheur algérien, DR Mohamed Corso, et l'écrivain Foudil Ourabeh ont évoqué les crimes perpétrés par les colons français contre les Algériens durant la guerre. Outre la tribu d'El Oufi, l'extermination des tribus d'El Akrama et d'Ouled Messaoud (Tiaret) a été un des crimes les plus ignobles commis par les colons français. Le sanguinaire Bugeaud n'a pas hésité à brûler le 7 décembre 1864 près de 200 Algériens et à emprisonner 500 autres de ces tribus. L'armée française a également tué des Algériens sans défense qui n'ont montré aucune résistance comme ce fut le cas pour les tribus d'Ouled Sahnoun et Ouled El Nhar, selon les rapports élaborés par les militaires français "qui aspiraient à des promotions et des grades supérieurs en contrepartie de leurs crimes contre des innocents. Le but des déplacements forcés des Algériens était d'exproprier leurs terres d'une part, et "étouffer la résistance de l'Emir Abdelkader", d'autre part, ont indiqué les intervenants. Les autorités françaises ont poursuivi la politique de la terre brûlée après le déclenchement de la révolution, en créant des camps de concentration pour éloigner le peuple de la révolution. Contrairement à ses plans, la France coloniale a échoué dans son entreprise, ces camps étant devenus des centres de résistance, a indiqué DR Corso.