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Fodil Ourabah : «Les autorités coloniales refoulaient les indigènes pour dégager les espaces aux populations étrangères» Conférence sur les déportés algériens en Nouvelle-Calédonie
A l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie, le quotidien El Moudjahid a organisé hier au siège du journal, une conférence animée par le journaliste Fodil Ourabah. Une occasion pour revenir sur l'histoire des déportés algériens en Nouvelle- Calédonie à la fin du 19e siècle et les stratégies développées par le colonialisme français pour «expulser» la population algérienne de ses terres. A côté de grandes personnalités historiques dont l'ancien moudjahid Yazid Zerhouni et le professeur d'histoire à l'université d'Alger Mohamed El Korso, le conférencier a évoqué la résistance des Algériens face aux autorités coloniales françaises qui voulaient à tout prix les déporter de leur pays vers la Nouvelle- Calédonie. «Les autorités françaises refoulaient les peuples indigènes pour dégager les espaces et installer la population étrangère», a-t-il indiqué. Cette masse de déplacement entamée à partir de 1830 et qui s'est intensifiée dès 1836 «visait à marquer une rupture absolue entre la population algérienne et son territoire. La barbarie incessante des autorités coloniales et leur volonté de briser les liens du sang qui unissaient les membres d'une tribu» obligeaient les tribus à se disperser, particulièrement après avoir dévasté leurs terres agricoles, leurs arbres fruitiers...», a-t-il relevé en affirmant qu'«en dépit du fait que le colonialisme français visait une déculturation générationnelle, les Algériens, forcés et contraints de quitter leur pays, ont tenté de recomposer le tissu social, culturel et religieux en développant des liens affectifs avec le lointain pays transmis d'une génération à l'autre». «Cette résistance immatérielle jouait un rôle important dans la préservation identitaire des descendants des Algériens de Calédonie, obligés de porter deux prénoms, le premier chrétien, le second musulman», a-t-il dit. Par ailleurs, le journaliste a évoqué quelques aspects de la stratégie des militaires français contre l'Emir Abdelkader. «Exposés aux attaques continuelles des Français, le sud et le nord de Tlemcen, vidés et ruinés alors que leurs tribus étaient soumises au test de fidélité à l'égard de l'Emir Abdelkader», a-t-il précisé. De son côté, Mohamed El Korso a précisé que «la première génération de martyrs algériens (1830) a permis à la seconde, celle de 1954, de disposer de la liberté d'expression en lui offrant la chance d'approfondir son parcours et son autodétermination». Cet historien a, par ailleurs, évoqué quelques ouvrages de la guerre d'Algérie écrits par des auteurs étrangers tels que Charles André Julien qui a écrit «L'Afrique du Nord en marche» en 1952 et qui a été critiqué par un nombre important d'historiens arabes. M. Zerhouni a mis l'accent sur le nombre important de déplacements, notamment en 1960, «dépassant les trois millions, soit 50% de la population ; cette année a connu l'un des plus brutaux déplacements», a-t-il noté, ajoutant que «les Algériens demeurant encore dans les zones interdites étaient assassinés de sang-froid».