Le Congrès pour la République (CPR), parti du président tunisien Moncef Marzouki, a annoncé lundi le maintien à sa tête de Mohamed Abbou, un ministre démissionnaire après un conflit avec les islamistes d'Ennahda qui dominent un gouvernement de coalition. Le résultat du congrès du CPR, qui devait être annoncé dimanche en début de soirée, a finalement été publié lundi en fin de matinée sur les pages facebook et twitter du parti. Le CPR est l'un des trois partis composant la coalition qui gouverne la Tunisie. Le gouvernement est cependant dominé par les islamistes d'Ennahda, arrivés en tête des élections ayant formé l'Assemblée nationale constituante (ANC) en octobre dernier. Les tensions entre le CPR et les islamistes ont connu un regain vendredi, lorsque le président Marzouki, dans une lettre lue par l'un de ses conseillers au congrès du parti, a vivement critiqué ses partenaires. "Ce qui complique la situation, c'est le sentiment grandissant que nos frères d'Ennahda s'emploient à contrôler les rouages administratifs et politiques de l'Etat", a écrit le chef de l'Etat, dénonçant des "pratiques" rappelant "l'ère révolue" du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali. Le maintien de M. Abbou, 46 ans, au poste de secrétaire général du CPR semble confirmer cette ligne, ce dernier ayant démissionné fin juin du poste de ministre de la Réforme administrative, estimant que le Premier ministre Hamadi Jebali ne le laissait pas exercer ses prérogatives de lutte contre la corruption. Les islamistes sont accusés par l'opposition de s'attaquer à la liberté de la presse et aux droits des femmes, ainsi que d'orchestrer une islamisation rampante de la société. Les opposants reprochent également à M. Marzouki, un opposant historique à Ben Ali et militant des droits de l'Homme, et au CPR de s'être effacés devant Ennahda.