Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a accusé les Etats-Unis d'oeuvrer à la chute du régime de Damas en se saisissant du prétexte des armes chimiques comme ils l'ont fait en Irak. Le ministre a toutefois gardé le flou sur la détention d'un tel arsenal par le régime du président Bachar al-Assad, dans une interview accordée à la chaîne al-Mayadeen basée à Beyrouth et qui sera diffusée intégralement lundi. "Cette question (celle des armes chimiques) est une invention de l'administration américaine", a indiqué M. Mouallem qui était interviewé au siège de l'ONU à New York en marge des réunions de l'Assemblée générale. "Ces armes chimiques en Syrie, si elles existent, et je dis bien si elles existent, comment est-il possible que nous les utilisions contre notre propre peuple? C'est du n'importe quoi", a-t-il affirmé selon des extraits de l'entretien diffusés par la chaîne, résolument anti-américaine et anti-israélienne. "Mais, a-t-il précisé, cela ne veut absolument pas dire que la Syrie détient un stock d'armes chimiques ou qu'elle a l'intention d'utiliser ces armes contre son peuple (...) c'est une chimère qu'ils ont inventée pour lancer une campagne contre la Syrie semblable à ce qu'ils ont fait en Irak". Vendredi dernier, le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a rapporté que le gouvernement syrien a déplacé des armes chimiques pour les sécuriser alors qu'il est en guerre contre les rebelles. D'après les experts, ces stocks datent des années 1970 et sont les plus importants du Moyen-Orient avec des centaines de tonnes. Le régime syrien a reconnu pour la première fois fin juillet posséder des armes chimiques et a menacé de les utiliser en cas d'intervention militaire occidentale, mais jamais contre sa population. Washington avait alors qualifié le recours possible aux armes chimiques de "ligne rouge". Les rebelles ont accusé Damas d'avoir déplacé certaines de ces armes aux frontières. L'argument de Washington de la présence d'armes de destruction massive en Irak avait servi à justifier l'invasion de ce pays en mars 2003. Cet argument s'était ensuite avéré faux. Le ministre Mouallem a également affirmé que "les Etats-Unis ont commencé à goûter au poison du terrorisme qu'eux-mêmes soutiennent", faisant référence à la mort de l'ambassadeur américain à Benghazi en Libye le 11 septembre dans une attaque mise sur le compte d'une manifestation devant le consulat contre le film islamophobe "L'innocence des musulmans". "Il semble qu'ils (les Américains) n'aient pas appris la leçon en Afghanistan", a poursuivi le chef de la diplomatie, en référence aux pertes infligées à l'Otan par les talibans. Le ministre syrien a répété par ailleurs que la "clé du succès" de la mission de l'émissaire international, Lakhdar Brahimi, est que les pays qui "abritent, arment et financent les groupes terroristes armés" cessent de le faire. "Le Qatar dépense des milliards de dollars en Syrie pour faire assassiner le peuple syrien, pour détruire l'infrastructure (...) et pour assassiner les médecins et les ingénieurs", a-t-il indiqué. Damas accuse notamment Ryad, Doha et Ankara de soutenir la rébellion armée. "La Turquie est à l'origine de la plupart des (actes de) violences en Syrie" a indiqué M. Mouallem, avertissant que "le terrorisme se retournera contre ceux qui l'exportent". Le ministre n'a pas écarté la promulgation d'un "décret d'amnistie générale" en vue de la "réconciliation nationale", affirmant par ailleurs que la Syrie disposait d'un "stock stratégique de blé, d'aliments et de médicaments qui suffirait pour plusieurs mois". La FAO avait affirmé que trois millions de Syriens avaient un besoin urgent de nourriture et d'aide pour les cultures de céréales et le bétail, se fondant sur une étude de l'ONU et du régime syrien.