Monzer Makhous, pressenti pour devenir "ambassadeur" à Paris et représenter le futur gouvernement transitoire créé par la Coalition de l'opposition syrienne, est un alaouite, minorité religieuse à laquelle appartient le président Bachar al-Assad, qui militait jusqu'à présent au sein du Conseil national syrien. Agé d'une soixantaine d'années, de taille moyenne, trapu, cheveux blancs sur un crâne dégarni, ce francophone résidant en France a la réputation d'un homme affable. Parlant volontiers aux journalistes et sans langue de bois, il analyse depuis le début du conflit avec lucidité l'état de l'opposition et ses défauts, son incapacité à s'unir et ses relations parfois inexistantes avec l'Armée libre de Syrie. C'est l'"une des premières personnalités à avoir parlé de liberté en Syrie", a expliqué samedi le nouveau chef de la Coalition de l'opposition syrienne, Ahmad Moaz al-Khatib, lors de sa première visite à Paris, en annonçant qu'il représenterait le futur exécutif transitoire syrien. "A l'origine, il appartient à la communauté alaouite mais avant tout c'est un homme libre qui a toujours travaillé pour le peuple syrien. C'est quelqu'un d'extrêmement compétent qui a quatre doctorats", a-t-il ajouté. Jusqu'à présent, Monzer Makhous était coordinateur des relations extérieures du CNS en Europe. Ces derniers mois, il a participé à de nombreuses réunions du CNS en Europe et dans le monde arabe. Il reconnaissait ainsi en juin que le CNS, dans son mode de fonctionnement initial, "n'avait pas assuré un bon fonctionnement ni un bon rendement". "Avec l'ASL on ne peut pas dire que ce soit l'harmonie. L'aide qu'ils ont reçue du CNS est infime par rapport aux nécessités. Les gens sont déçus, il y a un mécontentement très important à l'intérieur de la Syrie vis-à-vis du CNS", relevait-il en août. A la dernière réunion en juillet à Paris du groupe des Amis de la Syrie, en faveur d'une résolution coercitive de l'Onu, il avait expliqué que l'urgence était la création d'enclaves protégées par une zone d'exclusion aérienne et insisté sur la nécessité d'assurer la protection des zones libérées par l'opposition, un des credos ces dernières semaines du président français François Hollande. Samedi, en relevant que "l'ambassade de Syrie en France n'appartient pas à la France", le président français a évoqué l'hypothèse de trouver "un lieu" pour le nouvel ambassadeur "qui lui permettra de représenter convenablement le peuple syrien". L'ambassade de Syrie en France, située dans le 7e arrondissement au coeur de Paris, est dépourvue de représentant officiel depuis mai, date à laquelle l'ambassadrice syrienne Lamia Chakkour a été déclarée persona non grata par les autorités françaises après un massacre en Syrie. Lamia Chakkour, également accréditée auprès de l'Unesco dont le siège est à Paris, avait l'opportunité grâce à cette dernière fonction de continuer à vivre dans la capitale française. L'ambassade n'étant pas joignable, il n'était pas clair samedi si c'était effectivement le cas et si elle continuait d'occuper le bâtiment à ce titre d'accréditée auprès de l'Unesco.