Le département d'Etat américain a fait une "grave erreur" en refusant de fermer sa mission à Benghazi en Libye, en dépit de la détérioration de la sécurité dans le pays, constate un rapport du Sénat sur l'attaque du consulat par des islamistes en septembre 2012. Celui-ci a été maintenu ouvert "en dépit de l'incapacité du gouvernement libyen d'en assurer la protection et de l'environnement de menace croissante décrit par les services de renseignement", conclut le rapport publié lundi. Quatre Américains, dont l'ambassadeur Chris Stevens, ont été tués dans l'attaque du consulat à Benghazi par des groupes lourdement armés le 11 septembre 2012. Le rapport intervient quelques semaines après une enquête interne du département d'Etat, qui reconnaît que les mesures de sécurité sur le site étaient "largement inadéquates". Un diplomate américain a démissionné à la suite de cette enquête, commandée par la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, et trois autres ont été relevés de leurs fonctions. Dans leur rapport distinct, les sénateurs recommandent que le département d'Etat se prépare désormais à tout type d'attaques, même s'il n'y a pas de menace imminente. Si un pays n'est pas en mesure de remplir ses obligations de protection des missions diplomatiques américaines, le département d'Etat doit mettre en place ses propres "mesures de sécurité additionnelles", tenter de renforcer les forces de sécurité du pays ou "décider de fermer" sa mission, estiment-ils aussi. Les sénateurs demandent d'autre part à l'administration de "parler clairement et de manière cohérente" en cas d'attaques terroristes. L'opposition républicaine avait vertement critiqué le président Barack Obama et son adminisration pour avoir affirmé dans un premier temps que l'attaque de Benghazi résultait d'un acte de protestation, et non d'un acte terroriste. Le rapport du Sénat estime en outre que les agences de renseignement devraient, elles, "élargir et approfondir leur surveillance en Libye, et au-delà, des groupes violents d'extrémistes islamistes qui émergent dans la région et n'ont pas de liens opérationnels directs avec Al-Qaïda ou ses principaux groupes affiliés".