Quelques dizaines de militants du parti islamiste Ennahda, au pouvoir, ont commencé à manifester samedi matin dans le centre de Tunis pour défendre le droit de leur mouvement à diriger le gouvernement. Les manifestants, barbus pour la plupart et déployant des drapeaux et l'étendard de leur mouvement, ont parcouru l'Avenue Habib Bourguiba, en criant "Le peuple veut un Ennahda en fer", et "Soutenir Ennahda est un devoir". Ils ont également conspué l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi et son parti Nidaa Tounès qui se pose en alternative au mouvement islamiste. Ce défilé précède une manifestation prévue en début d'après-midi à laquelle Ennahda a appelé pour dénoncer l'initiative de son propre Premier ministre Hamadi Jebali de former un gouvernement apolitique. Après avoir rencontré les chefs des principaux partis, M. Jebali a annoncé vendredi de nouvelles consultations lundi sur son initiative, reportant sine die la composition d'un cabinet et prolongeant la crise politique dans le pays. Il a ainsi annulé sa décision de fixer à samedi la date limite pour l'annonce du gouvernement apolitique et n'a pas évoqué de nouvelle date après cet énième report. Ennahda, une formation islamiste fondée le 6 juin 1981 par son chef historique Rached Ghannouchi, a été longuement réprimée en Tunisie avant de s'imposer, après la révolution de 2011 et les premières élections libres, comme le principal parti du pays. Après la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali et sa fuite en janvier 2011, M. Ghannouchi revient en Tunisie et est accueilli, après 20 ans d'exil à Londres, en prophète par des milliers de sympathisants. Son parti remporte les élections du 23 octobre 2011 avec quelque 41% des sièges de l'Assemblée nationale constituante (ANC) qui peine encore à rédiger la nouvelle Constitution. Ennahda va enuite prendre les ministères régaliens,principalement de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères.