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Ennahda propose un compromis
Crise du gouvernement en Tunisie
Publié dans Horizons le 12 - 02 - 2013


Mis en difficulté sur la scène politique tunisienne depuis l'assassinat de l'opposant laïc, Chokri Belaïd qui a déclenché un « sursaut » de la société civile, Rached Ghannouchi, le leader d'Ennahda, cherche un deal avec Hamadi Jebali qui souhaite diriger le pays avec un gouvernement de technocrates, sans représentants de partis politiques, avec comme priorités : assurer la sécurité, établir un calendrier électoral et engager un vrai dialogue social. Il lui suggère, pour sauver la situation et faire sortir le pays de l'ornière, un gouvernement de sauvetage national, de coalition nationale. « Il faut arriver d'ici deux ou trois jours à composer un gouvernement de compétences nationales, qui rejoint ce que demande Jebali, avec une représentation élargie des forces politiques », déclare le numéro un du mouvement islamiste à la chaîne tunisienne Al Moutawasat. Ghannouchi, qui estime qu'« un gouvernement de technocrates n'a aucun avenir parce que les partis politiques ont rejeté cette initiative », aurait-il trouvé une parade pour garder le contrôle des principaux ministères, dont l'Intérieur, les Affaires étrangères et la Justice, réclamés par le CPR, le parti du président Marzouki ? Il serait, dit-il, en pourparlers avec une demi-douzaine partis, dont le Congrès pour la République, du président Moncef Marzouki, qui a décidé de retarder d'une semaine sa décision de démissionner du gouvernement. Les islamistes, qui rejettent l'idée d'un gouvernement de technocrates, sont descendus dans la rue, le 9 février, pour défendre « la légitimité du gouvernement, issu des urnes ». Habib Ellouz, un des députés d'Ennahda, a appelé à une nouvelle manifestation ce vendredi. Jebali, qui a reçu un soutien franc et massif de l'Union générale tunisienne du travail, d'Ettakatol, le parti du président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar, de Nida Tounès, de Béji Caïed Essebsi, de l'Ordre des avocats, de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, de l'UTICA, l'organisation patronale, et de plusieurs petits partis d'opposition, acceptera-t-il de revoir son initiative et de réintégrer les rangs de son « contesté » mouvement ? Le Premier ministre, qui avait indiqué, lundi, qu'il démissionnerait s'il ne parvenait pas à former son cabinet, était, pas plus tard qu'hier, à la recherche d'autres appuis politiques et juridiques à son initiative qui a fait voler en éclats la troïka et diviser Ennahda. Car, outre ses opposants politiques, Jebali a déclenché un débat juridique. Selon lui, un remaniement de l'exécutif ne l'oblige pas à demander la confiance de la Constituante où Ennahda contrôle 89 des 217 sièges. La Tunisie est dans l'expectative.

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