Le jihadiste français capturé début mars par l'armée française dans le nord du Mali a été renvoyé en France et immédiatement placé en garde à vue en région parisienne, a-t-on appris de sources proche du dossier et judiciaire. Agé de 37 ans, cet homme faisait partie de la "demi-dizaine" de jihadistes faits prisonniers début mars à l'issue de combats violents ayant opposé les forces françaises et tchadiennes aux islamistes radicaux dans le massif des Ifoghas, dans le nord du Mali. Ce combattant, qui n'a pas le statut de prisonnier de guerre, avait ensuite été livré aux autorités maliennes qui, après une semaine de détention, l'ont renvoyé vers la France dans le cadre d'une procédure classique d'expulsion. A son arrivée sur le sol français mardi, il a été pris en charge par la police, qui l'a placé en garde à vue à 8H20 (07H20 GMT) dans les locaux du contre-espionnage français, en banlieue parisienne. Le contre-espionnage est depuis une semaine saisi d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". "Cela montre qu'il y avait là constitution d'une espèce de lieu, d'une filière terroriste de guerre, qui pouvait accueillir certains jeunes en quête d'un destin radical, comme certains ont pu le faire en Afghanistan ou en Syrie", avait indiqué le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian après sa capture. Plusieurs enquêtes judiciaires ont été ouvertes à Paris sur les Français accusés d'avoir voulu rallier les groupes jihadistes opérant au Mali. Début mars, Bamako a expulsé vers la France Ibrahim Aziz Ouattara, un Franco-Malien de 25 ans qui avait été arrêté par les autorités maliennes alors qu'il se trouvait sous une fausse identité dans le centre du Mali en novembre, soit bien avant que les forces françaises ne se déploient au Mali. M. Ouattara a été inculpé et écroué, de même que l'homme avec les papiers duquel il voyageait au Mali. Un autre Français, Cédric Lobo, avait été arrêté début août à Niamey par les autorités nigériennes alors qu'il espérait rejoindre des groupes jihadistes du nord du Mali. Expulsé vers la France, il avait lui aussi été inculpé et écroué. Le ministre français de l'Intérieur Manuel Valls a récemment déclaré qu'une "poignée" de "Français ou résidents en France" se trouvaient actuellement au Mali au côté des jihadistes. Selon le centre américain de surveillance de sites islamistes SITE, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a appelé les islamistes d'Afrique du Nord à rester dans leurs pays pour s'y opposer aux laïques et conseillé aux jihadistes de rejoindre le combat contre la France.