Les pays arabes ont proclamé leur droit d'armer la rébellion luttant contre le régime de Bachar al-Assad après lui avoir octroyé le siège de la Syrie à la Ligue arabe, lors d'un sommet d'un jour au Qatar. Le chef démissionnaire de l'opposition, Ahmad Motaz Al-Khatib et le "Premier ministre" intérimaire Ghassan Hitto avaient pris place sous les applaudissements aux côtés des chefs d'Etat arabes à l'ouverture du sommet dans la salle où le drapeau de la révolution syrienne a remplacé celui de la République syrienne. M. Motaz a défendu devant les dirigeants arabes l'autonomie de l'opposition face aux ingérences extérieures et demandé l'extension du bouclier anti-missiles de l'OTAN en Turquie au nord syrien, ce que Washington a refusé. Dans leur résolution finale, les pays arabes ont souligné qu'un règlement politique en Syrie, dévastée par deux ans de guerre, constituait "une priorité". Mais ils ont ajouté que "chaque Etat membre a le droit d'apporter tous les moyens d'autodéfense y compris militaire pour soutenir la résistance du peuple syrien". Seuls Bagdad et Alger ont exprimé leurs réserves alors que le Liban s'est distancié du texte, alors que les violences ne connaissent aucun répit sur les nombreux fronts en Syrie faisant comme tous les jours des dizaines de morts, selon une ONG syrienne. Les Arabes ont confirmé qu'ils octroyaient à la Coalition nationale de l'opposition le siège de la Syrie "à la Ligue arabe et dans ses organisations et conseils spécialisés jusqu'à l'organisation d'élections et la formation d'un gouvernement" dans ce pays. "Le soutien militaire ne veut pas dire exclure l'annultion d'une solution politique", a déclaré le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, lors d'une conférence de presse qui a suivi le sommet. Dans son discours devant le sommet, M. Khatib s'est livré à un plaidoyer passionné en faveur du peuple syrien "massacré depuis deux ans sous les yeux du monde entier". Selon lui, il revient au "seul peuple syrien de choisir celui qui le dirigera, et la manière dont il sera gouverné. Le peuple refuse tout mandat". Pour la presse officielle à Damas, l'octroi du siège de la Syrie, vacant depuis novembre 2011, à l'opposition est "un vol commis par l'émirat du Qatar (...) et par d'autres régimes arabes traîtres". C'est le Qatar, principal bailleur de fonds de l'opposition, qui a fait pression pour l'octroyer à l'opposition. Ce pays est déjà accusé par le régime syrien d'armer les rebelles. Le site internet de la Ligue arabe a été piraté par des partisans du régime syrien.