Le chef du mouvement salafiste jihadiste Ansar Ashariaa, Abou Iyadh, a déclaré que ses partisans ne pouvaient être "vaincus" malgré la "persécution" dont ils sont victimes, selon un enregistrement diffusé tard dimanche soir après une journée de heurts à Tunis. Dans cet enregistrement d'environ cinq minutes qui semble avoir été réalisé avant le début des violences, il s'adresse aux participants au congrès du mouvement, interdit par les autorités. "Dieu sait combien j'aurais voulu être avec vous au moment où vous ouvrez une page rayonnante de l'histoire de notre nation. Vous avez montré au monde entier que vos efforts ne peuvent être vaincus malgré la persécution de vos chefs", dit l'homme, en fuite depuis septembre 2012. Cet extrait audio, publié sur la page Facebook d'Ansar Ashariaa, est présenté comme le discours d'Abou Iyadh à l'occasion du congrès qui aurait dû se tenir dimanche mais qui a été interdit par le gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda. Les autorités ont estimé que ce rassemblement prévu à Kairouan, 150 km au sud de Tunis, était une "menace" pour le pays. Face au dispositif policier déployé dans cette ville, Ansar Ashariaa a tenté de réunir ses partisans dans la banlieue de Tunis, déclenchant des heurts qui ont fait un mort et 18 blessés. Ennahda, qui a longtemps été accusé de laxisme vis-à-vis de cette organisation considérée comme proche d'Al-Qaïda, a durci sa position après avoir reconnu début mai être confronté à des groupes armés près de l'Algérie. Abou Iyadh à ce titre remercie avec ironie le pouvoir tunisien. "Notre religion nous a appris à remercier les méritants, et vous les tyrans êtes le mieux placés pour être remerciés car vous avez commis tant de bêtises qui ont permis la propagation de notre prédication sans qu'on ait besoin d'en faire la publicité", a-t-il dit. Abou Iyadh, de son vrai nom Saif Allah Bin Hussein, est soupçonné par la police d'être l'organisateur de la manifestation contre un film islamophobe qui a dégénéré en une attaque de l'ambassade américaine en septembre 2012, faisant quatre morts parmi les assaillants. Il a été emprisonné de 2003 à 2011 en Tunisie. Avant son arrestation il était l'un des deux chefs du Groupe combattant tunisien en Afghanistan, cellule d'Al-Qaïda. Ce groupuscule avait organisé l'attentat suicide ayant coûté la vie deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001 au commandant Massoud, le chef de la résistance aux talibans afghans.