Mohamed ElBaradei, un ténor de l'opposition au président Mohamed Morsi, a été choisi samedi pour diriger un gouvernement de transition en Egypte où le camp islamiste était mobilisé en masse pour une nouvelle démonstration de force face à l'armée qui a évincé le chef de l'Etat. C'est dans un climat de vives tensions alourdi par la flambée de violences qui a fait 37 morts en 24 heures, que M. ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), doit prêter serment après avoir été désigné par le président civil intérimaire, Adly Mansour. Devant le palais présidentiel au Caire, des dizaines de personnes en liesse ont afflué à l'annonce de la nouvelle par la télévision d'Etat, brandissant des drapeaux égyptiens sur fond de chants patriotiques. "Sa nomination est une victoire pour la révolution. Mais j'ai quand même peur qu'il se grille lui-même" en prenant la tête du gouvernement dans une période difficile, marquée par une grave crise économique et une profonde division du pays, a estimé un manifestant, Amr Emam, sur la place Tahrir. "Qui est ElBaradei? Est-ce que c'est un citoyen égyptien? Est-ce qu'il aime l'Egypte? Il vit en dehors du pays et il sert des objectifs qui vont contre nos intérêts", a lancé en revanche, Ibrahim Fawzi, un islamiste pro-Morsi, en référence à la longue carrière internationale de M. ElBaradei. Alors que le pays profondément divisé est en proie depuis plusieurs jours à des manifestations de partisans et d'opposants de M. Morsi, premier président démocratiquement élu d'Egypte, l'armée est déployée en force pour tenter de prévenir de possibles nouveaux affrontements. Par dizaines de milliers, les partisans des Frères musulmans étaient rassemblés, notamment aux abords d'une mosquée de Nasr City, un faubourg du nord-est du Caire, qu'ils occupent depuis une dizaine de jours. La puissante confrérie, cible d'une campagne de répression des nouvelles autorités, a demandé à ses partisans de se mobiliser "par millions" jusqu'au rétablissement dans ses fonctions de M. Morsi, élu il y a un an, et pour dénoncer "l'Etat policier" instauré après le "coup d'Etat militaire". Dans le camp opposé, sur la place Tahrir, des groupes de manifestants anti-Morsi qui y campent ont été rejoints par d'autres à la veille d'une nouvelle mobilisation dimanche pour soutenir l'éviction du président islamiste, à l'appel du mouvement Tamarrod qui avait organisé les manifestations monstres du 30 juin.