Une frappe militaire américaine en Syrie aura pour effet non seulement de sanctionner le régime pour son recours aux armes chimiques mais de miner sa confiance dans une victoire militaire, a souligné vendredi l'ambassadrice américaine à l'ONU. Dans un discours devant le Center for American Progress à Washington, Samantha Power a justifié une intervention hors du cadre du Conseil de sécurité en invoquant l'exemple du Kosovo et en faisant valoir un large "soutien" international. "En affaiblissant les capacités d'Assad (le président syrien Bachar al-Assad) de lancer des armes chimiques, nous affaibliront aussi ses capacités à frapper sa population avec des moyens conventionnels", a-t-elle expliqué. Combinée à un accroissement de l'aide militaire à "l'opposition modérée", une telle opération "devrait faire douter le régime de sa capacité à obtenir la victoire en faisant le maximum de morts" et donc l'inciter à négocier. Evoquant l'impasse au Conseil de sécurité, où la Russie a bloqué systématiquement les tentatives pour sanctionner son allié syrien, Mme Power a estimé "naïf de croire que les Russes allaient changer de position". "Il est clair, a-t-elle affirmé, que la Syrie est un des exemples, de même que le Kosovo, où le Conseil est si paralysé que des pays doivent agir en dehors de lui s'ils veulent éviter que les lois et les normes internationales ne soient bafouées". Une coalition de pays sous l'égide de l'Otan avaient mené en 1999 une campagne de bombardements pour forcer les troupes du président serbe Slobodan Milosevic à quitter le Kosovo, qui a par la suite proclamé son indépendance. En l'absence de mandat de l'ONU, Mme Power a invoqué le "soutien de pays de par le monde en faveur d'une action décisive" en Syrie. Elle a cité la Ligue arabe, le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen, l'Organisation de la coopération islamique et onze pays qui viennent de signer un appel en marge du sommet du G20 de Saint-Pétersbourg (Russie). Ces onze pays présents au G20 ont appelé à une "réponse internationale forte" à l'usage d'armes chimiques, assurant que la responsabilité du régime était "clairement" établie dans l'attaque du 21 août près de Damas.