L'écrivain algérien Boualem Sansal a réagi, ce mardi 13 janvier, dans un entretien au journal français L'Express sur les événements qui ont bouleversé la France la semaine dernière. Dans cette interview, l'écrivain s'est déclaré « horrifié de voir que beaucoup d'Algériens, qui pourtant ont terriblement souffert du terrorisme, ont applaudi les « héros, les martyrs », les frères Kouachi et Coulibaly ». Sansal est un écrivain dont les livres ont été récompensés par plusieurs prix. Il est en droit, comme n'importe quel autre citoyen, d'user de sa liberté d'expression. Néanmoins, sa déclaration ne l'honore pas. Elle est d'abord extrêmement surprenante pour toute personne vivant en Algérie. Contrairement à ce qu'avance M. Sansal, il n'y a pas eu d'Algériens qui ont célébré dans les rues, les frères Kouachi et Coulibaly. Ou s'il y en a eu, leur nombre se compte peut-être avec les doigts des mains. On est en droit de s'interroger pour savoir quelle méthode l'écrivain a utilisée pour quantifier de « beaucoup » le nombre d'Algériens ayant applaudi les responsables des attentats à Paris. La démarche intellectuelle ne semble guère glorieuse. L'idée semble donc simplement pour M. Sansal de généraliser à l'ensemble des Algériens dans le but de les rabaisser, de les présenter comme étant de simples « machines de haine » prompts à l'apologie du terrorisme. La vérité est que le rapport des Algériens aux événements de Charlie Hebdo ne peut pas être considéré par le prisme d'une vision manichéenne. Au-delà des minorités « pour » ou « contre », se trouvait en réalité une majorité d'Algériens simplement indifférents à la tragédie de Charlie Hebdo. Indifférents car l'horreur de la décennie noire chez eux les a rendus naturellement placides face à l'horreur d'aujourd'hui en France. Indifférents car innombrables aussi sont les problèmes auxquels ils sont confrontés chaque jour de leur vie, qui prennent inévitablement le dessus sur des événements ayant lieu loin d'eux. C'est comme si on reprochait aux Français d'avoir été indifférents aux centaines d'attentats qui avaient secoués l'Algérie dans les années 1990. Dans son désir farouche de plaire en France, Boualem Sansal a fait preuve d'irresponsabilité en accusant les Algériens de torts qui ne leur appartenaient pas. La société algérienne n'est pas parfaite, mais il n'y a aucunement besoin de les accabler en plus de la fausse étiquette d'apologistes du terrorisme. Laissons les Algériens tranquilles.