Un double attentat suicide a été perpétré lundi matin à l'heure de pointe dans des rames du métro de Moscou, faisant 37 morts et 38 blessés, rapportent les autorités. Deux femmes, d'après les enquêteurs, ont déclenché leurs explosifs à l'intérieur de deux trains bondés, provoquant des scènes de panique dans les stations, où les usagers sont tombés les uns sur les autres en tentant de s'enfuir dans la fumée et la poussière. Le président Dmitri Medvedev a ordonné le renforcement des mesures de sécurité dans tout le pays et promis de lutter "jusqu'au bout et sans hésitation contre la terreur", tout en appelant au respect des droits de l'homme pendant les opérations policières, a déclaré un porte-parole du Kremlin. Les attentats, les plus meurtriers depuis six ans dans la capitale russe, n'ont pas été revendiqués. Les soupçons se porteront en premier lieu sur les activistes du Nord-Caucase, où le Kremlin combat plusieurs foyers d'insurrection islamiste. Le chef du Service fédéral de sécurité, Alexandre Bortnikov, a déclaré que les deux femmes étaient sans doute originaires de cette région. La première explosion s'est produite peu avant 08h00 (04h00 GMT) et a détruit le deuxième wagon d'une rame de métro arrêtée à la station Loubianka, dans le centre-ville, près du quartier général du FSB, le service du renseignement intérieur. Elle a fait au moins 23 morts, les autorités évoquant des victimes tant à l'intérieur du train que sur le quai. Une seconde explosion est survenue une quarantaine de minutes plus tard à la station Park Koultouri. Elle a également frappé le deuxième wagon d'une rame et fait entre 12 et 14 morts, d'après le ministère des Situations d'urgence. "Deux femmes terroristes kamikazes ont commis ces attentats à la bombe", a déclaré à la presse le maire de Moscou, Iouri Loujkov, à la station Park Koultouri. Le parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête pour terrorisme après la découverte par les experts légistes des restes d'une femme kamikaze. MENACES EN FÉVRIER Des images des caméras de surveillance, diffusées sur internet, ont montré des corps inanimés allongés dans l'entrée de la station Loubianka, où les victimes étaient prises en charge par des équipes d'urgentistes. "Les gens hurlaient", a déclaré un témoin à la station Park Koultouri. "En deux minutes, la fumée a tout envahi." Certains blessés ont été évacués par hélicoptère vers les services d'urgence des hôpitaux, d'autres étaient conduits vers les ambulances alignées à l'extérieur des stations. Le lycée français de Moscou se situe non loin de la station Loubianka mais il ne semble pas y avoir de victime française selon l'ambassadeur de France en Russie, Jean de Gliniasty. "Pour l'instant, autant qu'on puisse dire, il n'y a pas de victime française. On fait des vérifications au lycée, dans quelques sièges de firmes", a dit le diplomate sur iTélé. Avec ce bilan provisoire, ces attentats sont les plus meurtriers à Moscou depuis février 2004, lorsque 39 personnes avaient péri et une centaine d'autres avaient été blessées dans une attaque suicide dans le métro. Cette attaque avait été imputée aux séparatistes tchétchènes. Le Kremlin a clamé victoire dans la guerre contre les rebelles islamistes en Tchéchénie mais le chef des insurgés Dokou Oumarov, qui combat pour l'établissement d'un émirat islamique sur l'ensemble du Nord-Caucase, a juré le 15 février dernier de transporter la guerre jusque dans les villes russes. "Le sang ne se limitera plus aux villes du Caucase. La guerre viendra dans leurs villes", a-t-il dit dans une interview diffusée par le site rebelle islamiste kavkazcenter.com. Moscou affronte d'autres rébellions dans les républiques voisines du Daghestan et d'Ingouchie.