DAMAS - Le président Bachar al-Assad va prononcer lundi un discours sur les développements en Syrie, en proie depuis plus de trois mois à une révolte sans précédent contre son régime réprimée dans le sang. Il s'agira de la troisième intervention publique de M. Assad depuis le début le 15 mars du mouvement de contestation que le régime tente d'étouffer au prix de centaines de morts malgré la réprobation internationale. Le président syrien "va prononcer un discours demain (lundi) vers midi (09H00 GMT) sur les développements en Syrie", a annoncé dimanche l'agence officielle Sana sans autre précision. Le 30 mars, dans sa première intervention publique, M. Assad avait dénoncé devant le Parlement une "conspiration" contre son pays et n'avait annoncé aucune réforme de libéralisation, provoquant la déception des militants pro-démocratie qui ont annoncé la poursuite des manifestations. Deux semaines plus tard, le 16 avril, il avait annoncé la prochaine abrogation de la loi d'urgence et exprimé ses "regrets" pour les victimes, dans un discours devant le nouveau gouvernement chargé d'entreprendre un programme de réformes réclamées par le mouvement de contestation. Et une semaine après, M. Assad, dans une nouvelle tentative de calmer la rue, a promulgué trois décrets, levant l'état d'urgence en vigueur depuis 48 ans, abolissant la Cour de sûreté de l'Etat, une juridiction d'exception, et changeant la réglementation sur les manifestations. Mais là aussi les opposants, sceptiques face aux intentions du régime, ont estimé ces mesures insuffisantes et affirmé que sa chute était devenue leur "principale revendication". Les manifestations de protestation ont continué et la répression brutale du régime aussi. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, une ONG syrienne, 1.309 civils et 341 membres des forces de sécurité ont péri depuis le 15 mars. En outre, plus de 10.000 Syriens ont fui la répression dans le nord-ouest, en direction de la Turquie voisine. Des milliers d'autres se sont enfuis au Liban. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont imposé des sanctions directes à M. Assad et à des membres de sa famille et son entourage, afin d'accroître la pression sur le président syrien, mais le régime a continué de réprimer la contestation en envoyant ses chars et son armée dans de nombreuses villes. Bachar al-Assad, 45 ans, est arrivé au pouvoir en juillet 2000, un mois après la mort de son père Hafez al-Assad. Candidat unique à la présidence, il est nommé aussi commandant en chef des forces armées, puis secrétaire général du Baas et devient président à 34 ans. Il semble convaincu d'avoir répondu aux demandes du peuple en annonçant les réformes, et que désormais la poursuite de la contestation vise à le faire chuter et à éliminer sa communauté minoritaire en Syrie: les alaouites (une branche de l'islam chiite) au pouvoir depuis 50 ans.