Environ 700 personnes ont commémoré mercredi à Paris les 50 ans du drame du métro Charonne, où huit personnes avaient trouvé la mort dans une charge de la police contre des manifestants opposés à la guerre d'Algérie. "Un peuple est grand quand il regarde son histoire en face", a déclaré le maire de Paris, Bertrand Delanoë, dans un discours tenu à l'entrée du métro où la police a violemment chargé une manifestation "contre le fascisme" et "pour la paix en Algérie". "Charonne, c'est le symbole d'un crime mené par des autorités légales pour des objectifs qui étaient profondément injustes, c'est-à-dire réprimer toute volonté du peuple algérien d'accéder à sa liberté, donc son indépendance", a ajouté le maire socialiste de Paris. "Notre combat continue parce que notre pays doit la vérité et la justice aux victimes de Charonne sur les responsabilités à l'origine de ce massacre", a déclaré le leader du syndicat CGT, Bernard Thibault lors de son discours, alors que les responsables n'ont jamais été poursuivis. Les manifestants ont ensuite rejoint le cimetière du Père-Lachaise pour se recueillir devant une stèle en l'honneur des victimes. Le 8 février 1962, à quelques mois de la fin de la guerre d'Algérie, une manifestation avait été organisée à Paris pour dénoncer les méthodes expéditives de l'armée française dans sa colonie. En raison de l'état d'urgence décrété en avril 1961, la manifestation était interdite. Les autorités ont donné l'ordre de réprimer la manifestation. Parmi les manifestants qui essayèrent de se réfugier dans la bouche de la station de métro Charonne, huit personnes y trouveront la mort, étouffées ou à la suite de fractures du crâne, ainsi qu'une neuvième à l'hôpital, des suites de ses blessures. Quelques mois auparavant, la police avait réprimé dans le sang une manifestation pacifique organisée à Paris par les indépendantistes algériens en France. Des dizaines d'Algériens, jusqu'à plusieurs centaines selon les sources, avaient péri lors de la confrontation avec les forces de l'ordre.