Le président français Nicolas Sarkozy anime son premier grand meeting de campagne dimanche à Marseille (sud), un rassemblement monstre qui aura valeur de test pour le candidat toujours donné battu à la présidentielle, à nouveau attendu sur les "valeurs". Le rythme s'accélère: déclaration de candidature le 15 février et dès le lendemain, premier meeting en forme de réquisitoire contre l'adversaire principal. Le socialiste François Hollande est encore donné largement vainqueur du scrutin, même si l'écart se resserre des derniers jours. Samedi, l'air décontracté, le candidat Sarkozy en col roulé inaugurait son QG de campagne parisien. Et ce dimanche, il devait s'afficher, face à des milliers de sympathisants (12.000 personnes attendues), aux côté de son épouse, l'ex-mannequin Carla Bruni-Sarkozy. Ce meeting est le premier test de campagne pour un président mal aimé mais un candidat à la réputation de rouleau compresseur, toujours à l'aise dans le costume du conquérant. Nicolas Sarkozy, qui a annoncé vouloir "parler au peuple" et lui "donner la parole", devrait à nouveau défendre le choix d'user du référendum, en premier lieu sur la formation des chômeurs ou les conditions d'expulsion des immigrés illégaux. Il devrait aussi confirmer son positionnement très à droite, en défendant les "valeurs" du travail et l'identité nationale, dans une grande ville cosmopolite qui a subi ces dernières années une augmentation de la criminalité liée au grand banditisme et au trafic de drogue. A Annecy (est), pour un meeting tour de chauffe jeudi, Nicolas Sarkozy avait commencé par accuser François Hollande de "mentir matin et soir" et d'"affaiblir" la France. Compliment que les socialistes lui on renvoyé, citant l'explosion du chômage et les déficits creusés sous son quinquennat. Face à cette crise "inouïe", qu'il n'hésite pas à dramatiser, le président-candidat met en avant son expérience et le soutien de dirigeants étrangers (Merkel, Cameron). Depuis une semaine, il cultive son image de capitaine dans la tempête, décline son slogan de campagne, "La France forte", et tape sur l'adversaire à chaque occasion. Le ton à Marseille pourrait toutefois être moins virulent, le candidat ayant plaidé samedi en inaugurant son QG parisien pour une campagne "sans agressivité". "Ce sera projet contre projet, idées contre idées", a-t-il promis, alors qu'il n'a jusqu'à présent pas dévoilé son programme. "Nous allons faire la campagne du XXIe siècle, je serai très heureux de confronter mes idées avec ceux qui sont restés au XXe siècle", a-t-il également affirmé. La France" et "les Français" seront les sujets centraux de son allocution marseillaise, a-t-il confié samedi à la presse. Ils devraient lui permettre de développer son triptyque "travail-responsabilité-autorité", décliné dans un entretien fleuve au Figaro-Magazine, juste avant son entrée en campagne. Il pourrait aussi revenir sur l'"identité nationale", un de ses thèmes de campagne en 2007 et objet d'un débat controversé en 2009-2010, dénoncé par l'opposition comme stigmatisant pour les communautés musulmanes en France. La candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen, qui se félicite officiellement d'un ralliement du président à ses idées, mais a bien perçu la menace électorale: depuis Lille (nord), où elle est campagne depuis samedi, elle tire à boulets rouges sur Nicolas Sarkozy. Jusqu'ici créditée de 15 à 19% des sondages, et en raison de la polarisation croissante du débat autour de MM. Sarkozy et Hollande, elle voit les intentions de vote en sa faveur se tasser et ses chances d'arriver au second tour s'éloigner.