Plan d'aide humanitaire, début de reconnaissance de l'opposition syrienne, soutien à la transition démocratique: la communauté internationale, sans Moscou ni Pékin, se réunit vendredi à Tunis pour tenter d'aider le peuple syrien et obtenir de Damas la fin des tueries.Les pays de la Ligue arabe, l'Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie et les différentes composantes de l'organisation syrienne se retrouvent à partir de 13H00 GMT dans un hôtel de la banlieue nord de Tunis pour une réunion de quelques heures. L'urgence, pour la communauté internationale, est de trouver les moyens de venir en aide au peuple syrien, écrasé par la répression du régime -- plus de 7.600 morts en onze mois-- et coupé du monde, particulièrement à Homs, la ville pilonnée sans relâche depuis trois semaines. Quatre-vingt-six personnes, en majorité des civils, ont été tués à travers le pays pour la seule journée de jeudi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, et deux civils ont déjà été tués vendredi matin par des bombardements à Homs où, selon des militants, le quartier de Baba Amr "est détruit sur la tête de ses habitants". Selon une ébauche de la déclaration finale relayée par des sources de l'opposition syrienne, la conférence pourrait appeler les autorités de Damas à mettre en oeuvre un cessez-le-feu immédiat et permettre l'accès des agences humanitaires aux populations en détresse. D'autres options telles que la création de zones sécurisées dans les régions frontalières de la Syrie, défendue par l'opposition ou l'idée de "corridors humanitaires" soutenue par Paris mais rejetées par Moscou pourraient être évoquées. Jusqu'à présent, "les discussions les plus avancées portent sur une trêve quotidienne de quelques heures" proposée par le Comité international de la Croix Rouge, selon un diplomate européen. La conférence de Tunis condamnera de nouveau la répression et apportera son soutien au plan de la Ligue arabe qui prévoit les étapes d'une transition démocratique à Damas. Ce plan avait déjà été endossé par une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU le 16 février. Enfin, la réunion devrait consacrer l'opposition syrienne, en appuyant particulièrement sa principale composante, le Conseil national syrien (CNS). Sans aller jusqu'à une reconnaissance formelle, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a apporté jeudi un soutien de poids au CNS, en jugeant qu'il était "crédible" et offrait une "alternative" au régime de Bachar al-Assad. Selon Alain Juppé, les pays invités à Tunis devraient exhorter le CNS, composé de multiples tendances islamistes, nationalistes, libéraux, indépendants et adoubé par les Frères musulmans majoritaires, à intégrer toutes "les composantes" de la société syrienne. La question du soutien matériel et financier à l'opposition --l'Armée syrienne libre, ALS, n'est pas invitée à Tunis-- devrait aussi être soulevée. Toutefois, la conférence de Tunis n'effacera probablement pas les divisions de la communauté internationale sur le dossier syrien, et l'absence de Moscou et Pékin, soutiens indéfectibles du régime de Damas, risque de planer sur la réunion. Celle-ci se tient au lendemain de la nomination de Kofi Annan comme "émissaire conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe sur la crise en Syrie". L'ancien secrétaire général de l'ONU sera assisté par un "adjoint choisi dans la région arabe", dont le nom n'a pas encore été rendu public. Elle intervient aussi alors que l'ONU a affirmé jeudi disposer d'une liste de hauts responsables politiques et militaires soupçonnés de "crimes contre l'humanité" en Syrie. Selon une commission d'enquête de l'ONU, "la majorité des crimes" commis en Syrie ont "nécessité des directives supérieures".