Photo : Slimene S.A. A la tête de l'Office national du tourisme depuis plus d'une décennie, Hamouche Belkacemi a fait l'essentiel de sa carrière dans le secteur du tourisme. Dans cet entretien, il parle du changement de statut de cet organisme, apporte des appréciations sur les saisons touristiques passées, de la réouverture des bureaux de l'ONAT à l'étranger. Il évoque également les préparatifs pour assurer le transport des supporters des Verts en Afrique de Sud, le programme spécial pour la prise en charge des journalistes... Pouvez-vous nous présenter l'organisme que vous gérez ? L'Office national algérien du tourisme, une entreprise publique économique qui relève de la SGP Gestour, est en phase de changer de statut. Il sera transféré du patrimoine de Gestour au ministère du Tourisme. Il a pour rôle de participer à l'organisation et l'aménagement du territoire du tourisme. Le changement de statut, c'est pour quand ? La procédure est en cours. Certes cela fait deux années que la décision a été prise par le CPE, nous sommes donc au stade final. Il faut d'abord soumettre le projet de changement de statut aux instances gouvernementales. Vous avez pris l'initiative et la responsabilité de transporter les supporters des Verts en Afrique de Sud. D'après certains échos, l'opération n'a pas eu le succès escompté. Peut-on connaître la version de l'ONAT ? Il y a un chiffre de 4 300 personnes publié sur le site de la FIFA. Ces personnes ont acheté les tickets des stades pour suivre les rencontres de notre équipe nationale. Mais nous ne connaissons pas encore le nombre de personnes qui vont partir de l'Algérie et d'ailleurs. En ce qui nous concerne, avec Touring Club, nous avons été choisis pour nous occuper du transfert, de la prise en charge de 2 000 supporters algériens. Il nous reste uniquement quelques détails à finaliser avec le consulat du pays organisateur du Mondial. Nous considérons que nous avons réussi le pari. Malgré l'enveloppe budgétaire consacrée à la promotion du secteur du tourisme, beaucoup d'Algériens préfèrent passer leurs vacances à l'étranger notamment en Tunisie. Comment expliquez-vous cette situation ? Si l'on regarde le rapport qualité/prix, l'offre des Tunisiens conçue pour recevoir les Algériens est bien meilleure que celle que présentent les opérateurs locaux. C'est malheureux de le dire mais nous n'avons pas beaucoup d'infrastructures et nous n'avons pas d'offres de qualité en termes d'accueil, d'organisation, de transport… Les pouvoir publics ont pris ces derniers jours le taureau par les cornes pour remettre les pendules à l'heure. Si ce n'est pas pour recevoir les étrangers en grand nombre, on doit, au moins, mettre en place une organisation, des structures pour pouvoir faire profiter les Algériens localement. En tant que premier opérateur touristique, quel sera le potentiel touristique algérien dans les années à venir ? Il faut signaler que la sérénité est revenue et les Algériens aspirent de plus en plus à consommer le tourisme. Ce dernier n'est pas exclusivement balnéaire. Le touriste algérien aspire à connaître de plus en plus on pays et découvrir le sud, à faire des itinéraires. Justement dans ce sens, qu'en est-il de l'accord signé avec l'UGTA ? Effectivement le ministère du Tourisme a signé un accord-cadre avec la centrale syndicale pour créer les conditions favorables en vue de faire profiter les travailleurs du tourisme local. Nous travaillons également sur un projet avec le ministère de la Jeunesse et des Sports pour faire bénéficier les jeune de multiples sites touristiques du pays. Dès cet été, nous allons mettre en chantier cet aspect. Ces dernières années vous avez lancé plusieurs produits à l'image des circuits dans le désert. Pouvez-vous nous présenter quelques-uns de ces produits et quels sont les sites concernés ? Oui, nous avons développé beaucoup de produits dans les régions Sud, car ils sont très demandés par ceux qui aiment découvrir le paysage et voir quelque chose de différent. Ils savent également qu'il n'y a pas d'infrastructures et d'équipements. Il y a des circuits qui se font soit par 4x4, soit à dos de chameau et il y a des expéditions entre les villes du pays comme Tam, Djanet, Béchar ... Est-il possible de connaître les recettes de l'exercice 2009 ? Elles ne sont pas énormes mais également elles ne sont pas exclusives au tourisme. Elles contiennent tous les métiers du tourisme, la billetterie, le tourisme réceptif, le tourisme d'admission, la omra et le pèlerinage à La Mecque. Le chiffre approximatif est de l'ordre de 300 millions DA. Ce chiffre par rapport à l'année précédente Nous sommes quasiment dans la même fourchette L'activité du tourisme est extrêmement aléatoire. Il y a des évolutions par-ci comme il y a des baisses par-là. Peut-on connaître le nombre de touristes français qui sont venus en Algérie ? Pour la saison 2008/2009, l'ONAT a assuré le séjour de 1000 touristes européens principalement dans le Grand Sud. La majorité des visiteurs sont des Français, suivis par les Allemands, les Espagnols, les Grecs et les Portugais. Les statistiques disponibles pour la saison 2007/2008 indiquent la visite de l'Algérie de 1,8 million de touristes dont près de 1,2 million sont des ressortissants algériens résidant à l'étranger et qui sont aussi considérés comme touristes selon la définition de l'Organisation mondiale du tourisme. Le reste se répartit entre hommes d'affaires et touristes venus découvrir les richesses touristiques du pays. On parle aujourd'hui d'une stratégie nationale sur dix ans pour augmenter le nombre de touristes. Pouvez-vous nous donner plus de détails ? La stratégie nationale s'étale jusqu'à 2025. Ce schéma vise à développer le tourisme et à faire de l'Algérie une destination touristique respectable dans le pourtour méditerranéen On parle aussi de la privatisation de cet organisme. Qu'en est-il au juste ? Ce n'est plus d'actualité. Il fut une époque où on a parlé de la privatisation comme cela a été le cas de plusieurs entreprises publiques. Vous avez participé à plusieurs salons internationaux de tourisme. Quelle évaluation faites-vous de ces rencontres et quelle appréciation faites-vous de la représentation de l'ONAT à l'étranger ? Nous n'avons plus de bureaux ONAT à l'étranger. On a fermé tous les bureaux qui se trouvent en Allemagne, en France, en Suède… Notre participation aux salons et aux foires internationaux se fait sous l'égide de l'ONT à qui revient la mission de représenter l'Algérie à l'étranger. Nous participons beaucoup aux foires européennes qui constituent des gisements importants. Nous n'avons jamais arrêté cette participation même dans les années 90. Quelles sont les causes de la fermeture de ces bureaux ? Nous avons passé une période extrêmement difficile. Nous ne pouvions pas inciter les gens à venir dans une région où nous ne pouvions pas assurer leur sécurité. Aujourd'hui la réouverture des bureaux est dans la perspective de notre ministère et des pouvoirs publics. Y a-t-il une date pour cette réouverture ? Je sais que le ministère y travaille dessus, il y a tout un aspect réglementaire, le statut particulier à créer… On revient à la coupe du Monde. Pour assurer la couverture des matches de l'EN, les journalistes algériens vont se déplacer à des centaines de kilomètres par bus ou par train. Est-ce une option touristique ou économique ? Je sais que nous avons élaboré un programme pour les journalistes. Ce programme a été pris en charge par le ministère de la Jeunesse et des Sports. En tant qu'opérateur, nous avons demandé à nos partenaires de nous transmettre le programme des journalistes. Nous allons le proposer aux autorités concernées pour qu'ils soient près de l'équipe nationale avec des déplacements le jours du matche. On a fait de sorte qu'ils soient le plus près possible des Verts. Durant le séjour de 20 jours ou plus, nous assurerons le transport d'Alger sur Johannesburg. Nous offrons la possibilité pour ceux qui veulent louer des véhicules ou des taxis collectifs pour quatre personnes. Vous allez vous rendre à Johannesburg, peut-on savoir l'objet de ce voyage ? Nous partons avec les responsables du Touring Club et un cadre supérieur de la Jeunesse et des Sports pour passer en revue tout le dispositif, dont les structures hôtelières réservées, les moyens de transport… C'est pour voir si la machine tourne bien. Nous veillons à ce que le supporter algérien soit placé dans les meilleures conditions.
