La médiation de la Turquie et du Brésil entre l'Iran et l'Occident, qualifiée par la Maison Blanche et le Kremlin de «dernière chance» avant l'adoption des sanctions, a donné ses premiers résultats même si les grandes puissances ont des doutes. MM. Mottaki, Amorim et Davutoglu, respectivement ministres des Affaires étrangères iranien, brésilien et turc, ont signé hier à Téhéran un accord d'échange de combustible nucléaire contre de l'uranium enrichi à 20% sur le territoire turc, en présence des présidents iranien, Ahmadinedjad, son homologue brésilien, Lula et le Premier ministre turc, Erdogan. L'accord qui sera soumis cette semaine à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) prévoit l'échange de 1.200 kg d'uranium iranien faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kg de combustible enrichi à 20% dans le délai maximum d'un an, a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, précisant toutefois que l'Iran poursuivrait son propre programme d'enrichissement. Dans un document commun publié à l'issue de leur réunion, les trois pays ont estimé que cette offre représente un geste de l'Iran pour «entamer une dynamique constructive». Cette déclaration a été renforcée par M. Ahmadinedjad qui espère que les grandes puissances «accepteront de discuter avec honnêteté, respect et justice» avec son pays. Pour Ankara et Brasilia, les sanctions ne doivent plus être à l'ordre du jour. M. Lula a qualifié l'accord de «victoire pour la diplomatie». L'Occident ne semble pas près de tendre la main à Téhéran. Aussitôt, l'accord signé, les dirigeants de l'Union européenne ont affirmé que cette proposition ne règle pas le problème du nucléaire iranien qui demeure, selon eux, une «sérieuse source d'inquiétude». Israël, qui a toujours plaidé pour plus de sanctions, voire une opération militaire contre les installations « nucléaires » iraniennes, a qualifié cet accord de «manœuvres». A New York, le quatrième train de sanctions contre Téhéran est en préparation. «En acceptant la proposition turque et brésilienne, l'Iran a montré sa bonne volonté», affirme le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi. «La balle est dans le camp des Occidentaux», dira-t-il.