L'accident de Tiaret est le plus meurtrier depuis le début de l'année 2012. Une faille mécanique en est à l'origine, selon les premiers éléments de l'enquête menée par la gendarmerie mais la défaillance humaine n'est pas à écarter. Alors, défaillance humaine ou mécanique ? Difficile d'incriminer le conducteur encore en état de choc. Le bus plonge carrément dans le ravin, ne s'arrêtant dans sa course folle que grâce à une grosse vanne hydraulique, à près de 150 mètres en contrebas. Les spécialistes de la prévention routière s'expriment. Le président de l'association Tarik Essalama, Mouhamed Lazouni a indiqué que « beaucoup de paramètres peuvent intervenir dans cet accident ». En premier lieu, il réitère l'intérêt de la formation des conducteurs. Selon ses propos, « le conducteur de bus qui peut être responsable de plus de 50 vies humaines doit avoir un minimum d'instruction ». Ces chauffeurs doivent absolument être conscients de la responsabilité qui leur incombe. Pour revenir aux raisons directes de l'accident, M. Lazouni indique que le drame s'est produit à 2 heures du matin, « dans une tranche horaire en baisse de vigilance ». « A cette heure-ci, la vigilance d'un conducteur diminue quelque peu ». A cela s'ajoute le problème de veille. La même source indique qu'« avec 17 heures de veille, le corps humain agit comme si 0,5 gramme d'alcool lui a été injecté ». M. Lazouni a indiqué qu'il y a eu par le passé plusieurs commissions interministérielles traitant le sujet de la prévention routière mais, « les recommandations et les résultats sont restés lettre morte ». De son côté, le commandant Achour de la Protection civile, qui fait partie également du collectif de la prévention routière à l'échelle nationale, a fait savoir que la fatigue, une crevaison, une défaillance mécanique, un obstacle inopiné peuvent engendrer une hécatombe. M. Achour n'a pas hésité à dénoncer également l'état catastrophique de certains tronçons routiers. « Dans les normes internationales, on conseille de marquer une pause de 15 minutes toutes les deux heures de conduite. Ce qui n'est pas du tout respecté chez les Algériens », a indiqué le commandant. Selon lui, « rester plus de deux heures sur un siège sans faire le moindre effort engendre la somnolence ». M. Achour a réitéré son appel pour un permis de conduire professionnel. Il trouve inconcevable « qu'on demande au pilote d'un avion de transport régional (ATR) (60 places), une formation de plus de 5 ans dans le domaine de l'aéronautique et que les conducteurs de bus ne passent qu'un permis de conduire que Dieu seul sait comment il a été obtenu ». M. Achour parle encore des contrôles médicaux périodiques. Pour ce qui est des disques mouchards qui doivent être incorporés dans les bus, le commandant indique que « ce genre d'appareil n'existe pas chez nous ». Le laxisme des autorités dans la surveillance des routes et le non-respect du code de la route endeuillent chaque jour des centaines de familles. En 2011, plus de 4 600 personnes ont trouvé la mort dans des accidents de la route.