Le grave précédent de la Cérénaïque décrétant, le 6 mars, son autonomie fera-t-il tache d'huile ? Au sud, Le spectre du séparatisme plane de nouveau sur la Libye menacée d'implosion. L'option est clairement brandie par le chef des tribus Toubous, Issa Abdelmajid Mansour, visiblement remonté contre la participation des ex-rebelles accusés de combattre sa tribu sous la bannière du CNT. Il se présente en victime d'un plan de « nettoyage ethnique » favorisé par la transformation d'un « conflit tribal en conflit racial ». L'ancien opposant au régime déchu qui a annoncé la dissolution de son mouvement après la chute de l'ancien régime a appelé à la réactivation du Front Toubou pour le salut de la Libye (FTSL) « pour protéger les Toubous d'un nettoyage ethnique » et, « s'il le faut », une intervention internationale pour oeuvrer à l'instauration d'un Etat « comme le Soudan du Sud ». Abandonnée à son triste sort par les apôtres occidentaux du « printemps arabe », la Libye vit les chimères de l'unité et de la liberté. La poudrière du sud est en ébullition constante. Depuis février, la violence tribale, qui a opposé les Toubous au Zweit s'est étendue à la ville de Sebha dont le contrôle du conseil militaire est passé entre les mains des Toubous. Cette situation « dramatique », selon le directeur de la sûreté nationale à Sebha, le colonel Mohamed Boussif, est aggravée par l'implication des « gens hors la loi appuyés par des éléments de l'extérieur du pays » soufflant sur la braise ethnique. Mais l'impuissance du CNT, motivant la démission du représentant du CNT à Sebha, a aggravé la fracture soldée par un bilan sanglant : plus de 30 morts et 100 blessés dans les rangs des tribus de Sebha et 40 victimes parmi les Toubous. La belligérance se règle aussi à l'arme lourde : des avions, des chars et des canons anti-aériens. De la Cyrénaïque au Fezzan, des tensions tribales devenues incontrôlables, les velléités de fédéralisme minent les fondements voulus unitaires de la nouvelle Libye tenaillée par les démons du tribalisme et la loi d'airain des milices régnant en maîtres absolus dans leur région de prédilection. Un « printemps » libyen au goût de cendres et de larmes.