Le secrétaire général du RND, dont l'intervention a duré plus de tois heures, s'est montré fidèle à ses positions. La continuité dans l'action qui est déjà entreprise par le gouvernement, est un des principes adoptés par le RND. Il s'agit pour ce parti de renforcer et de consolider les mesures économiques mises en place, a noté M. Ouyahia. Cela ne veut guère dire que le RND se limite à ce stade. Bien au contraire. Il propose de nouvelles solutions dans son programme économique qui comporte en tout et pour tout 14 volets et qui sera présenté dans sa totalité le 15 avril à l'ouverture de la campagne électorale. Avant de verser dans les détails, M. Ouyahia a tenu à dévoiler toutes ses cartes pour convaincre les chefs d'entreprises conviés eux aussi à participer au débat et exprimer leurs préoccupations. Il s'agissait pour lui également d'expliquer les sept lignes directrices sur lesquelles le parti s'est basé pour établir ce programme économique qui porte le slogan « Travailler ensemble au développement d'une économie productive et compétitive ». Le RND, a-t-il dit, place la consolidation de la cohésion nationale et l'union nationale comme priorité. Indiquant que son parti porte la même vision sur la moitié des 50 propositions faites par le FCE, Ouyahia a souligné qu'il est important de mettre en relief que le RND « ne fait aucune distinction entre l'entreprise privée et publique d'autant qu'il s'agit de l'entreprise algérienne ». Selon ses convictions, il est impératif que l'entreprise algérienne accède à la commande publique. « Offrons d'abord un marché en Algérie à la production locale et exigeons d'elle une qualité plus en plus grande », a indiqué l'invité du FCE avant d'insister : « L'entreprise algérienne doit se préparer à la compétition avec le monde pour pouvoir faire face à la mise en place de la zone de libre échange avec l'Europe et le monde arabe ». Une démarche qui s'impose « pour négocier, au mieux, nos intérêts à l'accès de notre pays à l'OMC ». Ouyahia estime, d'autre part, que les investissements étrangers sont incontournables pour booster l'économie nationale. Dans ce contexte, il est à noter que le RND soutient, certes, « l'apport du savoir-faire des partenaires étrangers au développement économique algérien » et veut « remplacer la prédominance du négoce et des importations par le partenariat gagnant-gagant », mais il est catégorique concernant l'application de la répartition légalement en place 51%/49%. L'entreprise privée algérienne n'est désormais pas concernée par cette mesure et peut investir à 100%, a expliqué le SG du RND affirmant « qu'il y a eu, certes, un glissement durant une année mais, la mesure a été annulée il y a quelques semaines ». RENFORCEMENT DU FINANCEMENT DE L'ECONOMIE Plaçant le logement comme étant le problème récurant des Algériens, le RND insiste sur le maintien du taux bonifié. Mieux encore, il propose « de supprimer tout plafonnement des salaires des fonctionnaires désireux d'accéder aux prêts logements bonifiés auprès du Trésor ainsi que celui des cadres des autres secteurs d'activité pour l'éligibilité aux prêts bancaires pour la construction ou l'achat d'un logement ». Egalement le RND « relèvera, jusqu'au doublement, le niveau actuel des crédits bonifiés qui sont accordés pour l'acquisition d'un logement promotionnel ». Autre proposition faite dans ce cadre a trait à la suppression de toute taxe ou impôt sur les contrats de location de logement pour encourager le développement de la location immobilière. Pour les revenus modestes, le RND suggère d'instaurer une aide publique au loyer. L'appui aux promoteurs immobiliers est également envisagé par ce parti. Pour la relance de l'agriculture, M. Ouyahia préconise de mettre sur pied des dispositifs additionnels de soutien, notamment sous la forme de crédit à long terme...le renforcement des chambres et la mise en valeur des fermes pilotes publiques. D'après Ouyahia, le RND veut professionnaliser le secteur en renforçant les liens entre agriculteurs et industriels de l'agroalimentaire. Dans le domaine du tourisme, le RND encourage l'investissement privé ainsi que le développement du tourisme chez l'habitant. Le RND consacre tout un volet au développement de l'industrie minière encourageant l'augmentation des exportations de certains produits miniers tels que les phosphates. Pour ce qui est de l'industrie nationale, le RND plaide pour l'encouragement du partenariat, la réalisation d'entreprises mixtes et la participation du capital privé national en vue de se débarrasser du statut de consommateur et de développer les exportations hors hydrocarbures. Pour M. Ouyahia, l'ouverture du capital privé national nécessite la mise en place d'un mécanisme boursier. Décortiquant le volet dédié à la mise à niveau des entreprises, l'orateur a indiqué que 400 entreprises publiques en ont bénéficié et que seulement une centaine ont été privatisées entre 1999 et 2000. S'agissant du climat des affaires, le RND soutient l'accès au crédit, au foncier et l'allégement des charges de la PME. « L'INFORMEL, LA GRANDE MENACE POUR L'ALGERIE » Lors du débat, le SG du RND n'a pas nié les lourdeurs administratives, déplorant même l'existence de lobbies d'intérêt. Comme solution, Ouyahia a appelé les chefs d'entreprises à les dénoncer. Pour lui, le parti se lance dans une bataille contre la fraude, l'informel et les crimes économiques. « L'informel est la grande menace de l'Algérie ». A ce sujet, il a dira que « l'Etat doit cesser de faire l'orphelinat ». Pour l'éradiquer, « il faudra un front et un consensus national » et « une implication de tous ». « Nous travaillerons à promouvoir une solidarité effective » et, d'un autre côté, mettre en place des mesures sévères pour sanctionner les crimes économiques. La lutte devra être lancée pour freiner également l'économie de bazar. Le RND veut mettre de l'ordre dans le secteur des médicaments en encourageant la production. Finie l'importation tous azimuts de véhicules, a-t-il lancé. « Les marques les plus bizarres de la planète ont été importées en Algérie », a-t-il déploré avant d'informer que « Fatia » sera relancée et la voiture « made in Algérie » n'est pas une utopie avec l'arrivée de Mercedes. Le dernier salon international de l'automobile a, d'après M. Ouyahia, démontré plusieurs formes de fraude. PAS DE WEEK-END SAMEDI-DIMANCHE Le RND n'est pas favorable au week-end universel (samedi-dimanche). Son instauration risque, d'après M. Ouyahia, de « créer plus de contraintes que de gains ». Le RND est contre également l'attribution de la gestion des ports aux privés mais il estime nécessaire de renforcer le pavillon national et, pourquoi pas, créer une entreprise algérienne de navigation. CONFLIT AU FLN Interpellé en marge de la rencontre sur la crise qui secoue actuellement le FLN, M. Ouyahia s'est contenté de dire que « nous sommes maladivement contre l'ingérence dans toutes les affaires extérieures ». Par ailleurs, à une question sur l'enlèvement des diplomates algériens au Mali, le RND condamne et exige leur libération.