Cette enquête fait état de l'existence de plus de 900 commerçants informels, dénombrés à travers les marchés de la cité et qui seraient à l'origine d'un manque à gagner par le Trésor public de plus de 10 milliards de centimes, en deux ans. Ces « commerçants », jadis appelés vendeurs à la sauvette et qui semblent ne craindre personne, pas même les forces de l'ordre, ont imposé une totale mainmise sur tous les marchés de la wilaya, quotidiens ou hebdomadaires, de gros ou de détail. Du reste, ils ne sont même plus défendus par les ménagères qui le faisaient, il n'y a pas si longtemps, à cause de la modicité de leurs prix car, de l'avis de la majorité des consommateurs, ces marchands ont, eux aussi, appris à plumer l'acheteur en s'alignant, sans état d'âme, sur les mercuriales décidées par les barons du secteur. Ne disposant ni de registre de commerce et ne payant ni taxes ni impôts, ils n'en font qu'à leur tête, imposant leur loi aux commerçants réguliers et aux contrôleurs de l'Etat. Profitant du laxisme ambiant, ils ont fini par envahir tous les espaces possibles et imaginables. Ils ne se contentent plus, comme auparavant, d'exercer leurs activités dans les zones isolées ou à proximité des cités, puisqu'ils en sont, maintenant, à traquer le moindre mouchoir de poche à l'intérieur des marchés, devant les locaux, sur les trottoirs pour le squatter avec insolence, et souvent impunément... Même les protestations officielles, voire la colère des commerçants légaux qui se disent menacés dans leur existence même, ne les ont pas dissuadés, semblant compter sur leurs gros bras pour imposer leur présence. Dans les marchés d'Oran, les citoyens ont, souvent, assisté à des bagarres homériques, entre commerçants réguliers et illégaux, parfois entre ces marchands informels, eux-mêmes, à cause d'une concurrence déloyale ou même d'un espace convoité par tout le monde. Existe-t-il des solutions pour mettre fin à ce phénomène qui clochardise nos marchés et nos cités ? Selon les responsables du commerce qui misent sur l'Union des commerçants pour lancer les initiatives qui conviennent, les 900 marchands illégaux recensés à Oran, pourraient, à la condition d'être en règle avec le centre du registre du commerce, voir leur transfert effectué vers les marchés couverts existants. Ceci comme première initiative. Une autre consisterait en la construction de nouveaux marchés de proximité dans l'objectif d'agir sur les prix et aussi de débarrasser le secteur des marchands informels. Aussi, selon nos sources à la Direction du commerce, les responsables de la wilaya ont-ils prévu de construire, cette année, au moins, 14 nouveaux marchés couverts afin d'éradiquer ce phénomène qui porte un coup à l'image d'El-Bahia. Une autre idée lancée par l'Union des commerçants consiste en la réoccupation par les jeunes vendeurs informels, des anciens locaux désaffectés des Eriad, des ex-Galeries algériennes et des Aswak. Si cette idée a séduit beaucoup de bonnes volontés, il reste qu'elle n'a pas été suivie d'effets pour des raisons qui restent à expliquer. Pourtant à y voir de plus près, elle pourrait être une des solutions à explorer d'autant que l'Etat n'aura pas à casser sa tirelire, puisque les locaux existent et sont même fonctionnels, dans certains secteurs urbains, disent les initiateurs de l'idée au niveau de la section locale de l'UGCAA.