Quelque 400 noms de malades sont, depuis plusieurs mois, couchés sur les listes d'admission de la clinique ophtalmologique « Lazreg » d'Oran dans l'attente d'une hypothétique intervention de greffe de la cornée qui se fait désirer. En revanche, 160 autres « heureux » malades, atteints de cécité totale, vont bénéficier, cette année, d'une greffe de la cornée au niveau de cet établissement spécialisé qui rayonne sur toute l'Oranie et qui a pu, l'année dernière, permettre la greffe à 118 personnes. Selon des statistiques fournies par la Société d'ophtalmologie, on estime à 1.500 personnes le nombre de patients qui nécessitent, annuellement, une greffe de la cornée à Oran. A en croire une enquête sur les pathologies oculaires, effectuée dernièrement par le service de la prévention de la Direction de la santé de la wilaya d'Oran, le taux de prévalence du glaucome est de 5,8%, la cataracte touche 20,4%, pour la rétinopathie diabétique 2,4% et 3,7% pour la dégénérescence moléculaire, sur des sujets de plus de 40 ans. Ces pathologies oculaires ne pardonnent pas et peuvent entraîner la cécité, d'où la nécessité d'une greffe. Malheureusement, le peu de cornées qui sont importées des Etats-Unis, à raison de 20 millions la pièce, ne peut satisfaire les demandes. Résultat : des malades qui souffrent de longues attentes qui peuvent s'avérer fatales et des ophtalmologues qui font état de leur impuissance face à l'indisponibilité de greffons. Ceci d'autant que le prélèvement sur des cadavres pose toujours problème en Algérie en l'absence de textes législatifs qui autorisent de recourir aux organes des personnes décédées. Tous les ophtalmologues oranais que nous avons rencontrés plaident pour la création d'une « banque des yeux », qui est conditionnée par la promulgation d'une loi qui permet des prélèvements de cornées sur des personnes décédées sans attendre l'autorisation des parents. Selon nos interlocuteurs qui assurent que la greffe de la cornée est parfaitement maîtrisée en Algérie et les plateaux techniques existent, l'Algérie aurait un besoin annuel de 1.500 à 2.000 greffons de cornées : « Mais la législation algérienne sur la greffe des organes, qui date de 1985, qui est, donc, totalement inadaptée, ne permet pas de répondre à ces demandes sans passer par l'importation. »