De l'habillement à l'alimentation, cette marchandise fait les beaux jours du commerce illicite. Sur des étals de fortune, le consommateur a une panoplie de produits, souvent avec des labels de renommée mondiale. Parmi ces produits qui s'imposent sur ce marché à ciel ouvert, on en trouve les ustensiles de cuisine, labellisés même aux grandes marques internationales à des prix défiant toute concurrence. Un constat confirmé, effectivement, lors d'une virée au niveau des marchés de la capitale. « C'est un commerce florissant. Nous avons une clientèle importante, surtout que ces produits sont proposés à des prix faramineux au niveau des magasins », témoigne un jeune vendeur ambulant à la place des Martyrs. Proposant des ustensiles de tous genres, il dit que sa clientèle est composée surtout de femmes. « Elles sont de plus en plus nombreuses à s'en approvisionner sur le marché parallèle. Et c'est généralement le prix du produit qui tranche », a-t-il ajouté. Chose que les clients soutiennent. « Je ne peux acheter une cocotte minute de marque. Elles coûtent cher atteignant même les 16.000 dinars. Par contre, un produit contrefait ne coûte que 1.500 dinars », explique une mère de famille. Radhia, une autre cliente rencontrée sur les lieux, partage son avis. Pour elle, « les familles à faible revenu n'ont d'autres choix que de recourir à ces produits. Même si l'utilisation de ces derniers peut avoir des répercussions sur leur santé ». Cependant, même au niveau des magasins, cette marchandise concurrence les produits de marques. Younès, un propriétaire d'un magasin de produits électroménagers, reconnaît « que ces produits sont plus cptés que ceux des grandes marques ». « Nous avons différents produits. Mais la clientèle se penche, dans la majorité des cas, vers le produit le moins cher », poursuit-il. Mais le plus important est la qualité du matériau du produit. Dans la majorité des cas, ces ustensiles sont fabriqués en aluminium. Cet élément chimique peut être libéré (en quantité généralement négligeable) dans les aliments et provoquer ainsi des problèmes de santé. L'INOX, MATERIAU RECOMMANDE Selon Dr Djamel-Eddine Oulmane, président de l'association Primage, « à long terme, l'aluminium se dégrade et les résidus de sa dégradation, à cause de la chaleur et de l'acidité de certains aliments, peuvent provoquer des problèmes de santé ». Le Dr. Abdelouahab Bengounia du CHU Mustapha-Pacha abonde dans le même sens. Il explique que les produits à base d'inox « sont inoxydables ». « Les autres produits peuvent subir des dégradations lors de leur utilisation à long terme. Ce qui peut avoir des répercussions sur la santé ».En effet, dans certaines conditions, l'aluminium est reconnu pour ses effets neurotoxiques et peut développer des complications au niveau du système nerveux central, la myofasciite à macrophages, l'encéphalopathie, l'épilepsie et des troubles de mémoire. L'accumulation d'aluminium dans l'organisme peut aussi jouer un rôle dans d'autres maux comme le psoriasis, les insuffisances hépatorénales chroniques, l'anémie, l'ostéomalacie (os cassants ou mous), l'intolérance au glucose ...Dr Oulmane préconise, dans ce sens, le recours aux ustensiles en inox, en verre ou en porcelaine. Il précise que « ces matériaux sont moins nocifs sur la santé ». Il a, par ailleurs, mis l'accent sur l'avantage des ustensiles en fonte. Pour lui, « c'est le matériau idéal. Malheureusement, il est moins présent sur le marché local ». Le président de l'association Primage a, en outre, recommandé l'utilisation des produits « bien faits ». « Les produits de mauvaise fabrication, ayant des bords tranchants ou des jonctions mal faites, peuvent provoquer des accidents domestiques », a-t-il poursuivi. LA FAC PASSE À L'ACTION Mise en place depuis novembre 2011, la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) a déjà tracé son programme pour sensibiliser le citoyen. Elle lance ce mois de mai une caravane de sensibilisation à travers l'ensemble des wilayas du pays. M. Mohamed Toumi, son directeur exécutif, dira à propos des ustensiles de cuisine, qu'« il n'existe pas de contrôle de pointe au niveau des douanes ». Il annonce, dans ce sens, la création d'un laboratoire de contrôle de qualité, installé à Mehelma, nouvelle cité de Sidi Abdallah à Alger, qui sera opérationnel dans les mois à venir. Concernant la caravane qui sillonnera l'ensemble du territoire national, il a déclaré que le projet, ciblant les produits consommables et services, se fera en partenariat avec la Sonatrach. « Il y aura trois régions : sud, est et ouest. Nous allons procéder à des campagnes de sensibilisation, notamment par la distribution de dépliants au niveau des centres de formation professionnelle, des écoles, des résidences universitaires et des mosquées. Chaque caravane sera composée de quatre animateurs de la FAC, des représentants des directions de commerce de chaque wilaya ainsi que des représentants des associations de protection du consommateur », a fait savoir M. Toumi.