La Coordination de l'opposition démocratique (COD) exige le départ du président Mohamed Ould Abdel Aziz qui a été élu avec 53% le 18 juillet 2009. C'est le « seul choix pour le régime » s'il veut « éviter le pire » à la Mauritanie, affirme Ahmed Ould Daddah, le leader du Rassemblement des forces démocratiques, accusant le général qui a déposé en 2008, Ely Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le premier président démocratiquement, de « gabegie », de « détournement des deniers publics », de « médiocrité » et de « pouvoir militaire ». Aziz fait de la résistance à Ould Daddah, Ely Ould, l'ex-président mauritanien (2005-2007) et Jemil Mansour, le dirigeant des islamistes, qui ont affirmé, jeudi, leur « détermination à poursuivre leurs marches et leurs démarches pour libérer le pays du régime invalide et exceptionnel de Aziz ». Il envoie les forces antiémeutes évacuer les tentes dressées sur la place Ibn Abbas, jouxtant la plus ancienne mosquée à Nouakchott et disperser les milliers de manifestants qui ont scandé comme le 22 avril dernier « Aziz, partez, c'est la seule solution ». L'opposition qui compte récupérer la colère des mouvements de jeunes qui réclament le changement « par la voie citoyenne et pacifique », reproche au régime le report répété des élections législatives et municipales. Pour Moulay El Arbi, président du parti Avant-garde des forces du changement et de la COD, cet usage de la violence contre les manifestants est une réaction qui viole les principes démocratiques et ce report des élections législatives et communales qui n'est « en réalité qu'un deuxième coup d'Etat après celui perpétré contre le pouvoir de Sidi » montre « de manière très claire que Mohamed Ould Abdel Aziz est inapte à diriger le pays ». Comme les neuf autres dirigeants de la COD, il met en doute les résultats du dialogue et les différentes politiques mises en œuvre par le gouvernement (enseignement, développement économique et social, réforme de l'administration...). Bâ Adama Moussa, conseiller du président de l'Union pour la République, le parti au pouvoir, dénonce l'attitude provocatrice de l'opposition. « Nous sommes une démocratie qui fonctionne parfaitement. Les libertés dans ce pays sont garanties. Les partis politiques de l'opposition radicale manifestent et s'il y a eu cette sortie de la police, c'est que d'abord le comportement de l'opposition radicale s'apparentait un peu à du tapage nocturne. C'était plus de la provocation qu'un sit-in proprement dit. Sur le fond, l'opposition doit attendre les prochaines séances pour que le peuple décide si oui ou non le président doit dégager », dit-il. Oumar Ould Matalla, le secrétaire du parti au pouvoir, accuse l'opposition de mensonge. « Le président de la République, qui a été élu par les Mauritaniens sur son programme plein de réformes et de réalisations, a pu, en un laps de temps court, réaliser de grands projets et lutter de façon adéquate contre la gabegie, la corruption et l'injustice sociale, et demander son départ est une erreur fatale », dit-il. « Seules les urnes transparentes jugent et non le faux, la rue et la violence », ajoute-t-il. La COD ne compte pas s'arrêter là. « Nous poursuivrons notre chemin jusqu'à la chute du régime de Ould Abdel Aziz », précise Jemil Mansour. Jusqu'où les deux frères ennemis, qui ont choisi de rendre coup pour coup, pourraient-ils aller ?