Le cinquantenaire algérien pouvait-il passer inaperçu ? Le projet émancipateur qui a fait rêver le monde en faisant trembler dans ses fondations le système colonial reste pérenne. Il l'est pour la contribution de l'Algérie historique dans la marche en avant de l'humanité qui sait, par les sacrifices et le combat algérien, ce que les idéaux de dignité, de liberté et de progrès veulent dire. Tant de chaînes libérées et tant de peuples voués à la damnation coloniale arrachés des griffes prédatrices de ceux-là même qui se gargarisent et s'alimentent, en doses homéopathiques, en mythes éculés vantant le messianisme démocratique et l'humanisme carnassier. Babylone en cendres, Tripoli écrasée et rendue à ses vieux démons du déchirement tribal et régional, Damas assaillie. L'esprit et le « sursaut novembrien », revendiqués par le président principalement à Arzew et Sétif, se mettent au diapason des défis contemporains qui, pour toutes mystifications, tentent de substituer à la « mission civilisatrice » des temps coloniaux la fourberie de la « mission humanitaire » de la reconquête néo-coloniale. Sur le rempart de la résistance républicaine, le piège grossier du « devoir d'ingérence » a été déjoué par l'Algérie des grandes espérances démocratiques, jamais vécues dans aucun pays arabe auto-proclamé, pour certains, en dépositaire de la démocratie dans sa version impériale. Vigilance, encore et toujours. Le message novembrien de la rupture ne s'écarte pas des enjeux du siècle de la mondialisation impitoyable. « Si je le fais, insiste le président Bouteflika, c'est pour appeler le peuple algérien, jeunes et moins jeunes, toutes catégories sociales et toutes tendances confondues, à créer un sursaut patriotique comme sait très bien le faire le peuple algérien à chaque fois que la conjoncture l'exige ». On savait donc les novembriens fatigués des luttes incessantes, de promesses inachevées, de tant d'efforts accomplis sur le front de l'édification nationale. Ce cinquantenaire est tout simplement dédié à la génération des bâtisseurs que le scrutin de la rupture, marquant la fin de la légitimité historique, autorise pleinement. Telle est la signification fondamentale des législatives du 10 mai qui restent intimement liées à l'avènement de la nouvelle Algérie de la légitimité démocratique. Dans ce scrutin de la stabilité et de la transparence, la constitution du front uni caractérise le consensus de la classe politique délivrant le satisfecit rare de nos jours. « Exceptionnelles », reconnaîtra Soltani de l'Alliance Verte qui reste convaincu que l‘Assemblée 2012 « sera différente des précédentes ». Dans cette « fête de la démocratie », relevée par Belkhadem du FLN, Louisa Hanoune a validé une « ère nouvelle de démocratie véritable » partagée par le responsable du FFS, Ali Laskri. Aux antipodes des faiseurs de chaos et aux partisans de l'ingérence, la réponse démocratique est confortée par l'émergence de l'Algérie apaisée et réconciliée dans « une campagne électorale pacifique », ainsi qualifiée par le président de la mission d'observation des élections de l'UE, M. José Ignacio Salafranca. Mais, à « l'appel à la patrie », la participation populaire se fait « énorme » dans le Sud et surprend par sa densité dans les fiefs du boycott traditionnel, telles l'indécrottable Alger, Tizi la frondeuse et Bejaia. En hausse par rapport à la dernière mandature. Explication : un électeur de l'Algérie profonde, cité par l'APS, affirme qu'il s'agit moins d'un simple acte visant à déposer un bulletin pour élire la prochaine assemblée que d'une réponse à ceux qui veulent plonger l'Algérie dans les fonds abyssaux de l'ingérence étrangère.