L'adhésion de l'Algérie à l'Organisation Mondiale du Commerce semble devoir être un plus long processus qu'il n'était déjà donné au moment où l'on disait, il y a quelques années, s'acheminer vers l'aboutissement des négociations. Devant une telle situation, on est en droit de s'interroger sur la portée d'une telle adhésion sur l'économie de notre pays, sachant que la longueur des négociations et la difficulté dans laquelle celles-ci semblent mettre la partie algérienne en charge du dossier, ont l'air d'ériger l'accession à l'OMC comme un privilège ; un privilège, au-demeurant, que partagent, sans exclusive, plus de 150 nations à travers le monde. Un privilège, néanmoins, que des nations opulentes et puissantes partagent singulièrement avec des pays, dont beaucoup ont du mal à assurer, sur l'année, la sécurité alimentaire de leurs populations. Mais alors, si l'OMC est un «club» fermé aux conditions d'accès contraignantes, elle ne semble pas être un club de privilèges, ni ne paraît être une fabrique de privilégiés. Cela pour la simple raison que l'OMC n'est pas un club, mais un espace défini par une ligne de démarcation par laquelle se désigne l'appartenance ou non à un code économique, lequel code suppose la viabilité des pays membres qui évoluent sous son égide. L'un des mots clés essentiels de ce code n'est autre que l'ouverture, le leitmotiv de toutes les négociations, et la condition sine qua non de leur démarrage. L'ouverture étant le vocable par lequel on donne un sens unique à toutes les dispositions par lesquelles un pays supprime toutes les barrières au commerce, à la circulation des biens, des personnes et des services, il reste la mise en conformité de la législation et des règlementations locales avec les codes internationaux, pour rendre opératoire cette ouverture économique, censée alors permettre aux opérateurs des pays membres d'activer dans le nouveau pays membre dans le cadre d'un environnement visible et prévisible. Jusque-là rien qui sente la volonté de prédation ou l'offensive anti-souverainiste ; tout juste des règles de commerce libérales de portée mondiale. Mais des règles, tout de même, que les pays non préparés économiquement, ne peuvent appliquer sans voir leurs entreprises menacées, leur économie agressée et incapable de se soutenir d'une concurrence imbattable, et leurs équilibres sociaux compromis, et cela, quelle que soit l'importance des investissements étrangers directs qui ne remplacent jamais l'apport de proximité des bonnes vieilles PME. Que dire alors si, en plus de ces règles, on vous impose, à vous parce que vous arrivez en dernier, des conditions que les autres membres n'ont pas dû honorer et qui vous coûtent votre équilibre socio-économique ? C'est ce que fait l'OMC en direction de l'Algérie et que l'Algérie ne peut accepter, elle qui, déjà, n'est pas prête à l'adhésion, et qui, au vu de ces conditions, se pose légitimementdes conditions sur l'intérêt de l'adhésion.