« Je dérange ! » La sentence émane du SG du RND qui s'est exprimé, hier, lors d'une conférence de presse tenue à Alger au lendemain de la 6e session du conseil national du parti. Qui dérange-t-il ? Le patron du RND se veut à la fois évasif et allusif. « Je n'ai pas accepté d'être un homme de compromis et d'image », dit-il. Les indices, ce n'est pas cela qui manque. « Je suis venu en politique non par plaisir mais dans un nomment où mon pays brûlait » ou « je sais que je dérange...mais c'est comme ça. Je suis secrétaire général élu par les militants ». Un autre indice : « j'ai mal pour mon pays qui vit par des conteneurs ». Dans ce même ordre d'idées, le conférencier s'est exprimé sur le vent de protestation qui secoue son parti. Il dira que ce ne sont pas les contestataires qui ont fait mal au parti mais plutôt les militants qui se sont portés candidats sur d'autres listes électorales. Ahmed Ouyahia refuse de parler d'exclusion mais de perte d'appartenance. Sur la revendication de la tenue d'un congrès extraordinaire brandie par ses détracteurs, il a rétorqué que le RND n'est pas « un club culturel » mais un « parti régi par des lois et soumis au règlement intérieur ». Cela dit, Ouyahia a soutenu que seul 5 membres du Conseil sont mécontents. Il estime nécessaire que la sérénité revienne et que la « sagesse » l'emporte afin de préparer dans les meilleures conditions les élections locales. Reste qu'Ouyahia refuse d'endosser la responsabilité du déclin du parti lors du scrutin du 10 mai. Pour une simple et bonne raison : « Je n'étais pas candidat ». Sur le futur exécutif et son éventuelle démission, le Premier ministre a estimé que cela relève des prérogatives du président de la République. Et d'ajouter que « la Constitution est claire à ce sujet ». « L'essentiel, indiquera-t-il, est que la République fonctionne et les affaire de l'Etat ne sont pas interrompues ».Pour ce qui est de la prochaine élection présidentielle et son éventuelle candidature, il réitérera la fameuse phrase de Giscard d'Estaing : « C'est la rencontre de l'homme avec son destin ». Le conférencier ne se dit pas contre le seuil éliminatoire de 5% appliqué lors des législatives. Pour lui, Il n'y a eu aucune proposition de suppression de l'article de la part des formations même celles qui se disent aujourd'hui lésées. Mieux, il y a ceux qui ont réclamé à ce qu'il soit ramené à 10% avant que le FLN et le RND ne s'y opposent. Par contre, le RND est contre le nomadisme politique. « Nous n'avons jamais voté pour cette loi. Nous avons un groupe parlementaire digne et respectueux. Nous n'avons pas l'intention d'en accepter d'autres personnes », précise-t-il. Convié à commenter l'écart de sièges entre son parti et le FLN, Ouyahia s'est contenté de dire que « cela se passe de tout commentaire ». Et de préciser : « Nous sommes de la même famille politique et que c'est un choix souverain des Algériens ». REDUIRE LA NOTION DE L'IMMUNITE À L'ACTE POLITIQUE En outre, il a indiqué qu'il est inutile d'entrer dans un « match non programmé » avec le SG du FLN concernant les déclarations de ce dernier selon lesquelles « si le peuple algérien avait épousé le programme de M. Ouyahia, il aurait voté pour lui ». Sur les indemnités des parlementaires, le leader du RND n'est ni favorable ni contre leur réduction, estimant « qu'il s'agit-là d'un long point d'interrogation dont seuls l'exécutif et l'assemblée sont aptes à se prononcer ». En revanche, il est favorable à la redéfinition de la notion de l'immunité parlementaire « en la réduisant à l'acte politique ». A propos du boycott des travaux de l'APN, brandi par certains députés, Ouyahia estime trop tôt pour en parler. « Il y a des annonces, mais il faut attendre pour voir clair », dit-t-il. S'agissant de l'absentéisme au sein de l'assemblée, il a indiqué qu'il faut sanctionner ce comportement. Concernant le volet économie, le patron du RND a estimé que la situation difficile vécue par l'Algérie dans les années 90 « peut revenir dans un monde impitoyable si on ne construit pas le pays ». Il a regretté que l'argent commence à gouverner en Algérie sous l'impulsion de cercles mafieux. Ouyahia a reconnu, concernant, notamment, la propagation de l'informel, que c'est un « échec du gouvernement », mais aussi « un échec collectif. »