Le marché informel de Bachdjerrah grouille de monde en ce jour de semaine. Les gens affluent de partout à la recherche de fruits et légumes pas chers, mais aussi d'habits, de produits cosmétiques, d'affaires scolaires et autres ustensiles de cuisine. Tout se vend moins cher qu'ailleurs, et parfois à moitié prix. Mais cette « douceur » a un prix à payer. Une ambiance tumultueuse règne sur les lieux. Les jeunes s'égosillent et s'échangent des insultes qui sont suivies de rixes. Renseignement pris, on nous indique que deux jeunes se disputent pour une « tabla » (un étal). En raison de l'exploitation d'un étal de fortune, on n'hésite pas à brandir des épées et autres couteaux. Résultat : trois personnes blessées. Cette scène fait partie du décor quotidien dans la localité de Bachdjerrah. Les habitants des cités limitrophes du marché se plaignent des nuisances sonores engendrées par les cris et les insultes échangées entre jeunes. « 90 % des disputes viennent de ce marché illicite », indique un vieil homme. Selon ses propos, ce marché est une source de tracas et d'inconvénients pour les habitants de ce quartier. Les riverains se plaignent de la présence de marchands dans cet endroit qu'ils ont squatté au niveau de la rue principale de cette localité. « Ici, il n'y a ni contrôle ni loi. Depuis des années, les commerçants exercent tranquillement et en toute impunité », a ajouté le même intervenant. Son compagnon a indiqué que des « batailles rangées ont lieu tous les jours pour un oui ou pour un non ». Devant cette « atmosphère invivable », les habitants se sont organisés en comité de quartier. Selon certains représentants, les différentes plaintes qu'ils ont déposées auprès de la police urbaine et des autorités locales, à propos de l'insécurité, n'ont pas abouti. D'autres s'indignent notamment des bouchons au niveau de la voie publique, ce qui perturbe la circulation. « Je ne peux pas utiliser mon véhicule durant la journée », a indiqué un habitant. Ce dernier a affirmé que ses voisins ont été contraints de transporter un malade en urgence sur une chaise jusqu'à l'extérieur de la cité pour pouvoir prendre un taxi, alors qu'ils possèdent une voiture. Les habitants que nous avons interrogés n'ont pas hésité à dénoncer le laxisme des autorités locales qui ferment les yeux sur cette situation. A signaler que les services communaux ont déjà réalisé un marché de proximité, mais les marchands ont refusé de s'y installer en raison du manque d'attraction des clients.