La première, c'est Souad Bekhoucha Melouli. Cette dame qui est autodidacte et également artiste peintre, fait partie des personnes qui animent une galerie d'art. Mais c'est la bijoutière qui nous intéresse. Ses réalisations inspirées des parures ancestrales et modernes connaissent un engouement chez les clientes. Toutes les éventuelles acheteuses que nous avons rencontrées ont montré de l'intérêt pour tous les bijoux exposés. Travaillant avec des pierres semi-précieuses sur de l'argent ou du bronze, Souad Bekhoucha Melouli signale : « Ce ne sont pas des bijoux qu'on porte seulement pour des cérémonies. Ils peuvent être portés en ville ou lors de sorties. » Colliers, bracelets, pendentifs, boucles d'oreilles et bien évidemment « Khit Errouh ». Elle reçoit les clientes chez elle et travaille sur commande sur des modèles précis selon le désir et le choix des demandeuses. Son bijou préféré et peut-être bien sa « mascotte », c'est la « khamssa ». On la trouve sous toutes ses formes rehaussée de pierres fines. « Concevoir une main comme bijou pour moi s'explique par le partage, la main tendue... », dit Souad, qui, depuis une dizaine d'années s'est mise à « reproduire dans les règles de l'art les bijoux. Ils sont des accessoires très importants pour la femme coquette » expliquant par là qu'elle est respectueuse du travail bien fait et des compléments d'embellissement féminins. Souad Bekhoucha apporte un éclairage concernant l'amalgame que font beaucoup de clientes quant à l'origine des pierres montées sur des parures : « On parle de rubis, d'émeraudes et de diamants alors que c'est faux. Il y a des grenats, des améthystes, des tourmalines, du jaspe, du jade, des perles... » Souad Bekhoucha ne tarit pas sur les noms des pierres fines et sur ce qu'elle réalise comme ornements précieux parce que « je suis née coquette », avoue-t-elle. Le corail « el Mordjane » Une autre artisane d'art, Houria Itim. Cette bijoutière est devenue experte en ornements féminins en corail, « El Mordjane ». Elle n'aurait pas pu travailler une autre pierre que celle-ci d'origine végétale, puisque Houria Itim est issue d'El Kala, région aux eaux marines corailleuses. El Kala est liée intimement à la pêche du corail, extraction interdite depuis. Gérant avec son mari Nasser Itim, un ancien de l'Enapêche, un atelier de bijoux en corail, Houria déclare se sacrifier pour cette activité dont elle dit : « C'est un travail laborieux... » Le corail saisi par les services des douanes est vendu aux enchères à presque 12 millions de centimes le kilogramme. Mme Itim estime que si les pouvoirs publics venaient à faciliter la vente du corail et à accorder des aides, son époux et elle pourraient prendre en apprentissage au moins 60 jeunes filles, lesquelles pourraient un jour s'installer à leur tour à leur propre compte. Le corail sous toutes ses formes s'offre au regard de ceux et celles qui aiment cette délicate et brillante « Fleur de grenadier ». Façonné en bracelet, collier d'une finesse exceptionnelle, pendentifs, il est là avec cet éclat unique, teinté par le ventre de la mer. Houria Itim confie que pour avoir de l'argent massif, elle fait du troc avec un bijoutier des Ath Yenni lequel lui donne le métal précieux pour recevoir du corail. Un deal qui arrange les deux artisans bijoutiers. Et pour rehausser la valeur du corail, Nasser Itim va jusqu'à citer les paroles de Dieu quant à cette pierre d'origine végétale dans la sourate « El Rahmane » : « Il a donné libre cours aux deux mers pour se rencontrer... De ces deux [mers] : sortent la perle et le corail... »