Le moudjahid, ancien officier de l'ALN de la wilaya IV historique, Mohamed-Chérif Ould El-Hocine, est revenu, hier, lors d'une rencontre avec la presse organisée au siège de son entreprise à Chéraga, sur son affaire judiciaire qui traîne depuis près de quatre décennies. Même si la justice, à travers ses différents paliers, a tranché sur la justesse de sa cause, les décisions prononcées ne sont toujours pas exécutées. Présents à la rencontre, des compagnons d'armes du moudjahid ont appelé la plus haute instance de l'Etat à intervenir pour mettre un terme à la situtation. L'ancien combattant, Abdelmoula Mohamed, estime qu'il est temps de restituer les biens de cet homme qui a tant donné à sa patrie. « Ould El Hocine a subi une injustice, on ne doit pas se taire devant son affaire, c'est une question de justice », indique-t-il. « On lance un appel au président de la République pour désigner une commission qui rendra justice à cet homme. C'est une affaire qui n'a que trop duré », estime-t-il. Des personnes proches du dossier ont apporté leurs témoignages sur la justesse de l'affaire, lors d'une cérémonie organisée récemment en l'honneur du moudjahid, par l'association Machâal El Chahid. La joie de la liberté retrouvée s'est transformée, pour cet ancien officier de l'ALN, en cauchemar à partir des années 1980. Ould El Hocine était à la tête d'une entreprise prospère, l'EPSR (Entreprise de panneaux et de signalisation routière), implantée à Chéraga, créée le 27 mai 1975. Accusé d'avoir porté atteinte à la sûreté de l'Etat, en 1980, il est arrêté et incarcéré en détention préventive pendant quatre années à la prison de Blida avant de bénéficier d'un non-lieu prononcé par le tribunal militaire de Blida en 1984. Son entreprise, avec tout son patrimoine mobilier et immobilier, a été placée par un commissaire du gouvernement désigné, sous la coupe d'une entreprise publique. Ainsi, l'EPSR est devenue « par la force de documents falsifiés », une autre entreprise. Du côté de la justice, et sur la base des rapports de multiples expertises, la Cour suprême a ordonné la restitution de tous les biens mobiliers et immobiliers de l'EPSR et annulé l'arrêté interministériel portant transfert du patrimoine de l'EPSR vers cette autre entreprise. La même instance a annulé l'arrêt rendu par la Cour de Blida, ordonnant l'expulsion de l'EPSR de son siège de Chéraga. Aujourd'hui, des interrogations persistent encore sur le pourquoi de non-exécution d'une décision de justice émanant de la plus haute juridiction du pays.