Il est 7 h du matin et le car-ferry Tassili accoste le quai d'Alger avec à son bord quelque 1000 passagers et plus d'une centaine de véhicules arrivés tout juste d'Alicante. Très nostalgiques, les voyageurs sur le balcon, avaient tous les yeux braqués sur la baie d'Alger. Une fois la passerelle mise en place et les portes ouvertes, les premiers éléments de la police et des douanes effectuent à l'intérieur du bateau un contrôle de routine. Tout semble être en règle. Cela se traduit par la file des voyageurs qui traversent, quelques minutes après, l'estrade pour regagner l'intérieur du port. Une affluence considérable d'émigrés venus se ressourcer dans leur pays, et retrouver leur familles et amis. Beaucoup d'entre eux reviennent chaque année au « Bled ». L'occasion pour eux de renouer avec l'ambiance à « l'algérienne ». Après avoir passé les trois heures de formalités, ils sortent à l'extérieur. Certains sont attendus par des proches, d'autres louent les services d'un taxi. Rencontrés sur place, certains parlaient déjà de la plage, la forêt et surtout des fêtes de mariage et du mois de Ramadhan. Adossés au mur, plusieurs jeunes attendaient. Visage dégoulinant de sueur, bagages par terre, ils avaient l'air dépaysé. Et pourtant, c'est ici qu'ils sont nés et ont vécu, du moins pour la plupart d'entre eux. Le fait de ne pas avoir été reçus par un proche les a contrariés. « Je viens pour quelques jours seulement », dira l'un d'entre eux. Pour lui, il est fondamental de venir une fois l'an. « Je viens passer mes vacances après une année de dur labeur », s'est plaint le jeune homme. Et d'ajouter : « j'ai hâte de retrouver mon ancien quartier et de passer de longues soirées avec mes anciens amis ». Les yeux larmoyants, il révèle que tout lui manque. Bagages éparpillés sur le sol, un autre émigré, un quadragénaire accompagné de son épouse et de sa fille s'impatientait de sortir. Son plus jeune frère l'attendait à l'extérieur. Les retrouvailles ont été très chaleureuses. Ils s'enlaçaient et s'embrassaient longuement. Il passera tout le mois sacré aux côtés de ses proches. Très sensible, il annoncera cette bonne nouvelle à son frère. Il n'a pas pu attendre leur retour à la maison pour en discuter. Contrairement aux années précédentes, il est venu pour un long séjour. « Je suis impatient de retrouver mes parents, Je veux déguster les bon petits plats préparés par ma mère », dira t-il. Cela fait cinq ans, qu'il n'a pas jeûné en Algérie. « Je vais renouer avec mes anciennes habitudes », dira t-il déterminé. Même propos chez un autre jeune homme. Une voiture l'attendait pour regagner Sétif. Personne n'est au courant de son arrivée. « J'ai tenu à faire la surprise à mes parents », dira cet émigré. Fatigué de sa traversée, il devra effectuer encore 300 km de route pour arriver enfin chez lui. Après deux ans d'absence, il va retrouver la maison familiale où il séjournera jusqu'à l'Aid El Fitr. Après quoi, il devra rebrousser chemin pour reprendre le travail. Tout fier, il révèle avoir ramené beaucoup de cadeaux pour ses proches qui lui ont tant manqué. En effet, les quelques voyageurs rencontrés dans cette journée étaient submergés de bagages. Il y avait ceux qui ont ramené des présents à leurs familles mais aussi quelques produits destinés à la vente. Le but étant de se faire un argent de poche supplémentaire au cas où ils décideront de prolonger leurs vacances.